Annales des Mines (1853, série 5, volume 4) [Image 137]

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EMPLOI DU CHLORE

attribuer ce phénomène qu'à l'action mécanique, à l'agitation que produit le courant de gaz, et que l'action chimique du chlore tend à empêcher la dissolution , en détruisant la combinaison d'oxyde de cuivre et de potasse.

Aussi n'obtient-on jamais la liqueur bleue quand l'alcali n'est pas en grand excès. Lorsque , dans: l'expérience que nous avons citée

tout à l'heure , on interrompt l'action du chlore au moment où la liqueur bleue est devenue verte, on voit cette coloration disparaître progressivement, et la liqueur redevient bleue; le même changement de couleur s'observe pour toutes les matières organiques. Il serait possible que la dissolution verte contînt du chlorure de cuivre , ou bien un degré d'oxydation du cuivre, supérieur à ceux connus ; mais la composition complexe de la dissolution ne nous a pas permis de vérifier ce fait. Nous réservons ce sujet pour un autre mémoire, dans lequel nous exposerons les actions du

chlore sur les alcalis à des températures inférieures à 00. Combinaison soluble d'oxyde de cuivre et de potasse.

Nous nous arrêterons un moment sur la combinaison bleue d'oxyde de cuivre et de potasse, soluble dans un excès d'alcali , parce qu'elle se forme trèsfacilement dans un grand nombre de circonstances, et empêche très-souvent le dosage du cuivre d'être exact. La combinaison de l'oxyde de cuivre avec les alcalis, et la solubilité de ce composé dans un excès d'alcali , a été indiquée par Rouelle dans ses leçons de chimie, vers

)74o. Elle a été ensuite bien prouvée par les expériences! de Proust, de Chaptal, et, plus récemment, de M. Chodnew.

DANS LES ANALYSES.

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Mais, niée par Berzelius, elle a été omise dans la plupart des traités de chimie (1). Nous rapporterons quelques-unes des expériences que nous avons faites à ce sujet. Quand on fond de l'oxyde de cuivre avec de la potasse caustique seule, ou mélangée avec de l'azotate et du chlorate de potasse, dans un creuset de terre ou de (,) Nous donnons en note le résumé succinct des publications qui ont été faites par différents chimistes. Rouelle l'aîné paraît être celui qui fit le premier l'observation de la dissolution de l'oxyde de cuivre dans les alcalis, alors qu'il était démonstrateur de chimie au jardin du roi vers 1740.

On trouve, en effet, dans l'encyclopédie du dix-huitième siècle (Encyclopédie, t. IV, p. 5116), imprimée en 1754, les observations suivantes

« Les alcalis fixes agissent sur le cuivre de même que les » acides, et la dissolution en est bleuâtre. Les alcalis volatils » rendent la dissolution d'un bleu plus foncé. » Le cuivre qui a été dissous par un acide peut être précipité » ou non précipité à volonté par les alcalis fixes et volatils. Si » l'on veut que la précipitation se fasse, il faut n'en mettre » qu'un peu; si l'on veut qu'il ne se fasse point de précipité, il » n'y a qu'à y mettre une trop grande quantité d'alcali; pour » lors l'alcali redissout le cuivre sur-le-champ, et le précipité » disparaît. Cette expérience est de M. Rouelle. » Nous avons également trouvé cette réaction indiquée dans un manuscrit du cours de M. Rouelle qui fait partie de la bibliothèque de l'École des mines. En 1799, Proust fit connaître les résultats de ses recherches sur le cuivre (Ana. de chimie, t. XXXII, p. 27). C'est alors qu'il indiqua l'existence de l'hydrate d'oxyde de cuivre soluble clans la potasse caustique ou saturée ( carbonate de potasse) et trèssoluble dans l'ammoniaque. En 1796, Chaptal (Éléments de chimie, t. II, p. 56,) dit que

les alcalis purs mis en digestion à froid avec la limaille de cuivre se colorent en bleu, mais l'ammoniaque le dissout beaucoup plus rapidement.

En i8oà., Proust, à propos d'un sulfate de cuivre naturel (Journal de physique, t. LIX , p. 5116) trouvé au Pérou, revient de nouveau sur les propriétés des sels de cuivre et sur