Annales des Mines (1851, série 4, volume 19) [Image 23]

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RAPPORTS ENTRE LA FORME

là. Le groupe des feldspaths, par exemple, réunit des espèces qui ont entre elles le plus haut degré de ressemblance, après celui qui constitue l'isomorphisme proprement dit ; et cependant leurs compositions paraissent n'avoir que des rapports très-éloignés, si l'on en juge par les quatre ou cinq formules anciennes qui servent à les représenter. Par les nouvelles formules, on voit que tous les feldspaths ont un fond commun qui est un atome d'aluminate alcalin, et qu'ils ne diffèrent que par la portion variable du dissolvant que ce sel a retenu, sans doute par suite de conditions différentes de pression et de température. Les pyroxènes et les amphiboles, quand on les rapproche en un même groupe, offrent entre eux les mêmes analogies et les mêmes différences de composition et de forme que celles qui caractérisent le groupe feldspathique : c'est qu'ils ne sont pareillement que des combinaisons de la silice avec une même quantité de base à des degrés différents de saturation. En effet, les pyroxènes peuvent tous être ramenés à la formule r4 Si', les amphiboles, au contraire, à

ceux-ci ne diffèrent donc des

la formule r4 premiers que par un faible excès de silice. Aussi se produisent-ils à une température un peu plus basse. Dans les porphyres pyroxéniques de l'Oural, les euphotides de la Valteline, les hypersthénites du Tyrol et les serpentines du Harz, les cristaux de pyroxène (augite , hypersthène ou diallage) se sont formés les premiers, au sein de la roche encore en fusion; puis lorsque, par le refroidisse-

ment, la température s'est abaissée au point où l'amphibole peut se produire, la pâte environnante a fourni aux cristaux de pyroxène la quan-

ET LA COMPOSITION ATOMIQUE.

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Lité de silice nécessaire pour les faire passer, en tout ou en partie, à l'état d'amphibole, sans qu'ils perdent leur forme de pyroxène. La production de ces écorces épigéniques que l'on observe si fréquemment sur les cristaux des porphyres susmentionnés ne se conçoit bien que lorsque l'on fait jouer à la silice le rôle particulier que nous lui avons attribué. Enfin, je ferai remarquer combien ce nouveau rôle a d'importance au point de vue de la géologie. On s'est demandé souvent au sein de quel véhicule avaient pu se former toutes ces roches plutoniques, dont les éléments se composent exclusivement de silice et de silicates : ce véhicule, c'est la silice elle-même.

Toutes les formations de substances minérales peuvent se partager entre deux grandes époques,

l'époque des hautes températures et celle des températures basses; entre deux grands domaines,

celui de l'eau à l'état liquide et celui du feu, où

l'eau liquide se trouvait remplacée par la silice en fusion. Chacune de ces époques a eu ses produits analogues, et des composés salins ont pu se former par la double voie de l'évaporation et du refroidissement. L'acide borique a pu certainement aussi avoir sa part dans les productions de l'époque ancienne : il résulte en effet des expériences de M. Ebelmen , qu'on peut artificiellement obtenir par son moyen la cristallisation de l'alumine et des aluminates, c'est-à-dire des corps les plus réfractaires; mais nous ne pensons pas qu'on puisse

inférer de ces expériences, que la nature a usé

du même procédé pour produire les corindons et les spinelles. Ainsi que l'a fait remarquer avec beaucoup de raison M. Beudant, les borates