Annales des Mines (1850, série 4, volume 17) [Image 170]

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RELATION DE LA DERNIÈRE

sinuosité et descendait en pente douce jusqu'au fond; il n'offrait à la vue que de grandes roches confondues pêle-mêle 'avec des lapilli et des sables. Le flanc oriental s'infléchissait également un

peu , rejoignait le fond par une pente très-roide et laissait en évidence auprès des bords du cratère quelques lits de leucitophyre qui faisaient partie

de la texture intérieure de la montagne. Dans les moments où le vent parvenait à chasser la fumée qui enveloppait la pointe du Pub, on voyait .que le côté oriental de cette, pointe était échancré par suite du prolongement de la crevasse. La base de la pointe du Palo était beaucoup rétrécie

et même un peu recouverte par l'accumulation des matières éboulées au moment où se forma la bouche supérieure,, qui comme je l'ai annoncé plus haut, s'ouvrit dans la nuit du 8 au 9. Cette crevasse ne peut donc être considérée que comme un affaissement survenu suivant une ligne droite d'environ 7oo mètres de longueur et causé, sans aucun doute, par l'affluence à l'intérieur des matières fondues constituant la lave et qui , s'infil-

trant à travers les roches du grand cône du Vésuve, finirent par s'ouvrir une issue. Il est bon de remarquer cette direction linéaire que prennent d'ordinaire les épanchements volcaniques; et lorsque après avoir considéré la longue crevasse qui se trouvait devant moi , je portais mes regards vers les nombreux filons de leucito-

phyre situés en face, sur les escarpements intérieurs de la Somma, il me semblait apercevoir une

analogie entre ces filons et la nouvelle crevasse d'épanchement, si bien que les deux faits paraissaient mis en présence pour servir d'explication l'un à l'autre. En voyant ces filons dont plusieurs

ÉRUPTION DU VÉSUVE.

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s'étendaient sur une longueur de plus de 400 mètres, il m'était facile de concevoir que la lave qui s'épanchait en ce moment avait pris une voie analogue dans les profondeurs du Vésuve , et après avoir contemplé le phénomène qui se passait sous nies yeux, nia pensée se reportant vers l'époque reculée des embrasements de la Somma, me re-

présentait les filons de cette montagne comme autant d'issues par où s'étaient échappés de semblables torrents de laves incandescentes.

Après cet examen, je n'observai aucun autre phénomène digne de remarque, et vers une heure après midi , je quittai le volcan brûlant dont l'embrasement semblait s'activer encore avec plus de

violence. Il ne tarda guère à présenter de nouvelles péripéties; car vers cinq heures et demie du soir de ce même jour un autre torrent de lave s'épancha à peu de distance du bord occidental de la grande crevasse, et environ au sixième de la

hauteur du grand cône, à partir de la base ; ce torrent ayant atteint la petite coulée de lave b, b apparue le 5 et déjà refroidie. l'enveloppa dans son courant de feu et arriva dans l'Atrio del Cavallo; de là se dirigeant à droite, il rejoignit l'autre lave qui continuait de sortir de la grotte précédemment décrite. Ce nouveau débor-

dement de lave parut toutefois avoir épuisé les derniers efforts du volcan ; car après cet épanchement les explosions s'affaiblirent , si bien que, le 9 , vers dix heures du soir, on ne les entendait

plus à Naples, quoique la cime ardente de la montagne continuât de montrer des éruptions dont l'activité tendait à se rallentir. D'après des notes qui m'ont été communiquées par M. Fonseca, observateur intelligent et zélé des