Annales des Mines (1849, série 4, volume 16) [Image 83]

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ET ARGENT DE L'ANDALOUSIE.

MINES ET USINES A PLOMB

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besoins des mineurs leur est apportée à dos d'ânes, PREMIÈRE PARTIE. MATIÈRES PREMIÈRES MÉTALLIFÈRES.

Sierra

te Almagrera.

Sierra de Alrnagrera, située sur le bord de Li Méditerranée, à la frontière de l'Andalousie et da royaume de Murcie, fournit la plus grande partie des minerais fondus actuellement par les usines de cette région.

Cette Sierra, qui s'est fait connaître dans le monde industriel, il y a environ dix ans, par la découverte du riche filon Saros°, est une petite ehaîne de montagnes composée de schistes de transition micacés, dont les couches, fortement tourmentées par une éruption porphyrique, affec-

tent d'un lieu à un autre les directions et les inclinaisons les plus diverses. La mer baigne le versant Sud-Est de la Sierra ; la Rambla du Rio Almanzora la limite au Nord-

Ouest. -Une de ses extrémités s'arrête à la mer, auprès de Villaricos ; l'autre se perd insensiblement du côté d'Aguilas, sous des couches de sédiment très-modernes. Le schiste qui forme la montagne est le plus souvent d'un bleu-noirâtre, très-feuilleté et peu solide; dans d'autre cas, plus gris ou plus jaunâtre, il se soutient sans boisage dans les galeries de dimensions ordinaires. Il y aurait cependant de l'imprudence à l'abandonner complétement à luimême ; car il est presque toujours fort imprégné de pyrites qui, se décomposant peu à peu, lui enlèveraient sa consistance. L'aridité la plus complète règne sur les flancs de cette Sierra; le spart est à peu près le seul vé-

gétal que l'on y rencontre. L'eau nécessaire aux

et se vend de i à 2 centimes le litre, suivant la situation des lieux. Les aliments sont également amenés de Vera, de Cuevas de Vera, et des localités circonvoisines, à des entrepreneurs qui savent réaliser sur leurs fournitures de très-notables bénéfices aux dépens des ouvriers et par conséquent du travail qu'ils exécutent. Telle est la position des mines de plomb argentifère d'Almagrera ; telles sont les difficultés dérivant de la nature des lieux, contre lesquelles il a fallu et il faut encore lutter chaque jour. Cependant, la richesse très-considérable et la puissance du filon Jaroso, dans les premières années de l'exploitation, ont permis de vaincre tous ces obstacles. Une population minière considérable s'est agglomérée autour d'un noyau formé de mineurs des Alpujarras, et les travaux feront plutôt faute aux travailleurs que les travailleurs aux travaux.

Les premières années de l'exploitation furent une suite de succès inouïs : des fortunes considérables furent faites en un instant par des person-

nes qui ne possédaient rien que leur part dans une des mines favorisées. La fièvre s'empara alors

de tous les esprits et envahit presque toute l'Espagne; chacun voulut avoir sa concession, et l'on rencontre sur la montagne plusieurs milliers de puits (i) foncés sans aucun prétexte, sans aucune apparence de succès. Aussi, dans ces affaires, comme dans toutes celles où la spéculation pure a remplacé l'industrie raisonnable, pour un petit (1) Voir la Carte, en 3 feuilles, de la Sierra d'Almagrera, publiée par don Ezquerra del Bayo.