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Annales des Mines (1914, série 11, volume 5)

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AUGUSTE MICHEL-LÉVY

Puis, dans un mémoire de 1887, il a développé sa théorie des terrains cristallins dits primitifs, produits par recristallisation de sédiments : théorie combattue avec une extrême vivacité par tous ceux quiprétendaient retrouver dans les gneiss et micaschistes la première croûte de consolidation du globe. Il a montré comment ces roches ne sont que d'anciens terrains métamorphisés pouvant appartenir à tous les étages géologiques et il est arrivé enfin à faire triompher universellement des idées dont" l'adoption a constitué, dans notre science, une révolution considérable. Il a fait voir, en même temps, comment s'étaient mises en place les roches de profondeur à type granitique avec rôle essentiel de la vapeur d'eau, dont une partie est restée emprisonnée dans leur masse et a contribué plus tard, dans leur refusion, aux émanations aqueuses du volcanisme. Il a insisté également sur la lente absorption connexe des terrains encaissants, sur la digestion plus ou. moins complète de leurs lambeaux, sur la pénétration à distance, la feldspathisation et le développement de minéraux divers. Quand on parle aujourd'hui couramment de gneiss ou de granités secondaires et même tertiaires ; quand on part de cette notion directrice pour expliquer la genèse des chaînes plissées, il ne faut pas oublier l'époque où ma génération a pu voir les défenseurs de la « croûte primitive » sourire dédaigneusement quand on voulait expliquer les gneiss du Plateau Central par le métamorphisme de sédiments relativement peu anciens. CONCLUSION.

Je suis arrivé au bout de cette étude déjà longue, et je n'ai rien dit des nombreux travaux où Michel-Lévy a réuni des observations* utiles et des idées intéressantes, de ses études stratigraphiques sur le Morvan, le Beaujo-

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lais ou l'Auvergne, de ses recherches sur les Alpes, de ses expériences sur les tremblements de terre. Je dois cependant conclure, en rappelant le rôle capital joué par Michel-Lévy comme initiateur et comme directeur de la Carte géologique. Jusqu'en 1905, Michel-Lévy n'a pas eu l'occasion de professer officiellement. Les circonstances ne lui ont pas permis de rendre ainsi à la science française tous les services que celle-ci aurait pu attendre de lui. Mais, sans être chargé d'aucun enseignement, il se mettait, avec une complaisance et une bonté inlassables, presque paternelles, à la disposition de tous ceux qui désiraient apprendre l'usage du microscope appliqué aux roches. Combien de matinées n'a-t-il pas perdues ainsi à me guider, moi comme bien d'autres, et, sije rappelle ici ce fait personnel, on croira aisément que mon but unique est de lui témoigner une profonde reconnaissance dont rien n'a pu, dans la suite, altérer le souvenir. Le service de la Carte géologique a été le champ d'action principal de Michel-Lévy pendant toute sa carrière. Dès 1870, il était adjoint à la direction et commençait à exercer une influence très effective en contribuant à élargir fortement les cadres des collaborateurs pour réaliser un achèvement plus rapide qu'il jugeait désirable avant tout. Depuis 1887, il resta directeur du service jusqu'à sa mort. Grâce à la haute autorité que lui assuraient, à la fois, son caractère et sa situation scientifique, il a pu remplir avec succès une fonction délicate en laissant à de très nombreux collaborateurs toute liberté pour l'expression de leurs vues personnelles, sans compromettre pourtant, autant qu'on l'eût pu craindre, l'homogénéité de l'œuvre. Lui-même a signé onze feuilles de la Carte géologique au 80.000% et, sans sa direction, il en a été publié 150. Cette carte au 80.000 e qu'il a laissée presque entièrement terminée, à l'exception des Pyrénées et de la