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Annales des Mines (1889, série 8, volume 15)

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

NOTICE HISTORIQUE.

une autre plus basse et moins sujette à être arrêtée par les gelées ; on rétablit enfin une fonderie et un atelier de coupellation. De 1803 à 1805, Schreiber put arriver à produire 242 tonnes de plomb, 45 tonnes de litharge et 823 kilogrammes d'argent, réalisant un bénéfice net de 22.214 francs, après avoir fait face à 128.720 francs de frais de premier établissement et ayant, en outre, un stock de 46.720 francs. En 1806, le bénéfice net fut de

lieu qu'à des redevances peu importantes en faveur des

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80.000 francs. Les années suivantes, jusqu'à la disparition de l'École en 1814, la production se tint, avec du schlich à 70 p. 100, aux environs de 250 tonnes de plomb et de 560 kilogrammes d'argent donnant un produit brut de 350.000 francs et un bénéfice net de 170.000 à 180.000

francs. La mine de Pesey occupait alors 300 ouvriers, dont moitié à l'intérieur ; toujours à l'imitation de ce qui se faisait dans les districts miniers allemands, Schreiber ne manqua pas d'établir, en faveur de ce personnel, des institutions de prévoyance contre la maladie et les accidents. En somme Schreiber réussit pleinement non seulement

à assurer la marche de l'entreprise et, par suite, le fonctionnement de l'École, mais encore à constituer des réserves qui, plus tard, de 181.i à 1816, servirent à payer les frais des deux déménagements que l'Ecole, rétablie à Paris, eut à faire de l'hôtel Mouchy au Petit-Luxembourg, et de celui-ci à l'hôtel Vendôme.

Sans vouloir diminuer le talent hors de pair que Schreiber eut à déployer pour atteindre ce but, il est tout au moins intéressant d'observer que ces résultats n'ont pu être obtenus, avec une production relativement si faible, que parce que le plomb valait 80 à 90 francs

les 100 kil., l'argent 220 francs le kil., et que, d'autre part, les ouvriers d'état n'étaient payés que l,20 et les manoeuvres O,50 par jour ; en outre, le combustible venait des forêts affectées à l'établissement et ne donnait

communes.

Avant même que Schreiber eût pu entreprendre de remonter l'exploitation, l'administration s'était préoccupée de compléter l'organisation de la nouvelle École. Quelques jours après que l'arrêté des Consuls du 12 février 1802

(23 pluviôse an X) eut fixé l'École à Pesey, un autre arrêté du 27 ventôse (18 mars), en même temps qu'il désignait Schreiber comme directeur, nommait comme professeurs Baillet du Belloy, Hassenfratz et Brochant de Villiers.

L'École devait fonctionner sous la haute surveillance du conseil des mines. Mais la distance et la difficulté des

communications décidèrent Chaptal à en remettre, par décision du 30 mars 1802 (5 germinal an X), l'administration directe à un comité formé du directeur et des trois professeurs. Le conseil des mines ne continua pas moins à s'en occuper avec sollicitude. En 1803, dès la première année de son fonctionnement, Gillet de Laumont, malgré son âge et ses infirmités, vint lui-même en Savoie, heureux, comme jadis dans la maison d'instruction de l'agence des mines, de se trouver entouré des jeunes élèves ; il se fit un plaisir de les accompagner dans leurs courses géo-

logiques auxquelles donnait un attrait si particulier un pays plus propre peut-être, il est vrai, à former des alpinistes que des ingénieurs et des métallurgistes. L'École était organisée, au moins sur le papier. Quand on voulut la faire fonctionner réellement on s'aperçut de l'impossibilité absolue d'installer matériellement élèves et professeurs sur les pentes neigeuses de Pesey, inhabitables une partie de l'année, hors et loin de tout chemin carrossable, sans bâtiment pour recevoir le personnel; il fallait l'étrange légèreté avec laquelle parait avoir été rendu l'arrêté consulaire de février 1802, pour qu'on ne se fût pas rendu compte tout de suite d'une pareille situa-