Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 336]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR M. Il AUBUISSON.

inspirations d'un attachement plus vrai, d'un respe'ct plus sincère pour sa mémoire. Toute la vie de M. d'Aubuisson ne nous appar-

Louis, membre correspondant de l'Institut de France, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences de Toulouse, est né dans cette ville le

tient pas à un égal titre, quoique la science y occupe la plus grande part : officier d'artillerie avant la révolution de 91, il a vu à cette époque sa

carrière se briser, et, après de nombreuses traverses , ce n'est qu'a l'âge de 38 ans qu'il a pu la voir se fixer de nouveau en entrant, par une circonstance tout exceptionnelle, dans le corps des ingénieurs des mines, où depuis, pendant un laps de temps presque égal, il a rempli si dignement sa place. Nous devrons nous restreindre surtout sur ces premières portions de la vie de M. d'Aubuisson où la science n'occupe pas la part principale. Dans une biographie moins spéciale et moins riche à d'autres égards, ce serait sans doute une lacune à regretter : un homme de mérite aurait besoin d'être vu tout entier, et cela eût été ici peut-être particulièrement désirable ; car M. d'Aubuisson n était pas seulement un savant distingué, c'était encore un homme de coeur et d'esprit, doué d'une âme généreuse et élevée, et c'est dans des temps orageux tels que sa jeunesse

les a traversés que ces qualités devaient trouver surtout à ressortir. Nous ne renonçons point à en esquisser quelques traits, mais nous n'oublierons pas néanmoins que cette simple notice doit être principalement consacrée à la vie scientifique de M. d'Aubuisson , que c'est surtout à la mémoire de l'ingénieur et du savant que nous avons à payer

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16 avril 1769 (1). Il fit se S premières études à So-

rèze, école renommée alors dans le Midi, où l'éducation, quoique dirigée par des religieux, était établie sur les plus larges bases et tournée particulièrement vers les sciences exactes et les

préparations à l'art militaire. Au sortir de ces premières études, à l'âge de 18 ans, M. d'Aubuisson porta d'abord ses vues vers l'étude du droit public. On le destinait à la diplomatie, où des relations de famille devaient lui faciliter l'entrée de la carrière, si la mort n'eût frappé subitement l'ambassadeur dont il avait l'appui. Sans doute les

aptitudes de son esprit, si cela est suffisant,

eussent pu l'y faire réussir ; sa sûreté de vues, la justesse et la portée élevée de ses idées l'eussent soutenu certainement à la hauteur des plus grands intérêts; nous devons ici nous féliciter néanmoins de ce que sa vie ait été réservée pour les sciences elle eût pu être plus brillante, elle eût été difficilement plus utile.

Rentré dans sa famille, M. d'Aubuisson se tourna en effet plus particulièrement vers les

sciences exactes, et voulut embrasser la carrière des armes savantes : il fut reçu en 1789 aspirant au corps royal d'artillerie. Mais à quelque temps de là éclatait cette violente tempête de la révolution française : l'émigration, dont le flot empor-

un tribut. Jean-François d' Àubuisson de Voisins, ingénieur en chef directeur au corps royal des mines,

léon, est remarquable dans l'histoire de la géologie MM. Cuvier, de Humboldt, de Buch, Alexandre Bron-

officier de la Légion d'honneur, chevalier de Saint-

gniart lui appartiennent, ainsi que M. d'Aubuisson.

(1) L'année 1769, illustrée par la naissance de Napo-