Lettre par laquelle E. Collomb communique à Elie de Beaumont ses observations en Suisse, au glacier de l'Aar [Image 7]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

masse rencontre bientôt la roche en place, elle en suit les sinuosités, puis gagne le fond et perd ainsi la faculté de se congeler

[SCHEMA]

Au talus terminal le mouvement est également ralenti, parce qu'ici non seulement il y a comme sur les bords, une moindre épaisseur de glace, mais aussi parce que sa structure y est beaucoup plus compacte que dans les autres parties du glacier, par conséquent elle laisse pénétrer une quantité d'eau beaucoup plus faible. Par un temps chaud et serein l'avancement est deux fois plus rapide que par un temps froid et brumeux. Et cela se conçoit parce que lorsque le temps est beau, la fonte superficielle de la glace est portée à son maximum et la condensation des vapeurs de l'atmosphère sur une surface dont la température est égale à zéro degrés est considérable. Ces deux sources amènent une grande quantité d'eau dans l'intérieur du glacier, de là augmentation de mouvement. Quand le temps est froid et brumeux ces deux effets perdent beaucoup de leur intensité, la condensation à leur surface est faible et les petits ruisseaux provenant de la fonte se tarissent en partie. En hiver le glacier est sec, la force motrice, l'eau absente, donc pas de mouvement, il ne commence à se mouvoir que lorsque la saison devient assez chaude pour déterminer la fonte de la neige. Les petits glaciers à forte pente marchent très lentement, ils ont du reste un mouvement accéléré régulier de haut en bas quand ils ne sont pas gênés dans leur course, contrairement aux grands glaciers, dont le mouvement est ralenti dans la partie terminale. D'abord parce que ces petits glaciers ne sont pas alimentés par de grands réservoirs supérieurs, qui puissent leur fournir de l'eau en abondance, puis la régularité remarquée dans leur marche provient de la forte pente du terrain qui les supporte; l'eau en les pénétrant n'a pas le temps de séjourner assez longtemps dans la partie supérieure pour se transformer en glace. Ils font l'office d'une éponge qui s'imbibe d'eau par un point, le liquide vient s'accumuler régulièrement dans la partie inférieure. D'ailleurs leur épaisseur de glace est comparativement faible. Donc la perte régularise le mouvement mais elle le ralentit en raison de la facilité qu'elle donne à l'eau de s'écouler promptement.