Lettre par laquelle E. Collomb communique à Elie de Beaumont ses observations en Suisse, au glacier de l'Aar [Image 4]

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seront arrivés au talus terminal. A cette époque la masse toute entière des débris sera renouvelée et remplacée par d'autres matériaux. Ces 2 millions auront dont touché le but de leur course et feront partie d'une moraine frontale désormais immobile. C'est par conséquent 12500 mètres cubes qui sont le contingent apporté chaque année. Ils auront parcouru en moyenne une ligne de 50 mètres par an. Ces matériaux proviennent des fragments de toute dimension qui encaissent le glacier et qui viennent rouler à sa surface, il faut par conséquent tenir compte de toute l'étendue du bassin qui les produit. Ce bassin a 55 kilomètres carrés. La surface du glacier lui même est comprise dans cette somme pour 20 kilomètres carrés, son action sur les bords contribue aussi à augmenter la masse des matériaux en démolissant la roche en place quand elle est susceptible de se diviser en fragments. L'inclinaison moyenne des pentes des montagnes encaissantes est de 36 degrés. Plus cette inclinaison sera forte, plus les avalanches de pierre seront fréquentes, les glaciers qui se meuvent dans des vallées dont les flancs sont à pentes douces, n'ont que des moraines insignifiantes sous le rapport du nombre des matériaux. La nature de la roche est aussi très importante à noter, au glacier de l'Aar c'est du gneiss et du micachiste. En appliquant de ces données celles seulement relative à la vitesse, à l'ancien glacier du Rhône, le glacier déluvien de Mr de Charpentier, qui a transporté ses détritus jusqu'à une distance de 60 lieues, soit 240000 mètres de leur origine, puisque les blocs qu'on trouve sur le versant oriental du Jura ont été reconnus depuis longtemps comme provenant du fonds du Vallais, et en supposant que le mouvement des glaciers de cette épqoue fut le même que celui qu'on remarque aujourd'hui à celui de l'Aar, c'est-à-dire 50 mètres par an, nous trouvons que ces blocs ont mis 4800 ans pour faire ce trajet. Si nous poursuivons la comparaison entre un glacier en activité et un ancien glacier des Vosges, celui de la vallée de St Amarin par exemple, nous trouvons que la triple moraine de Wesserling mesurée par notre géomètre