Copie d’un rapport sur les résultats et les travaux de la campagne sur la carte géologique en 1830 ; demande de récompense pour Dufrenoy et Élie de Beaumont  (Croix d’honneur) [Image 6]

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quand il s'agit de franchir de grandes distances et en général des fatigues et des privations de toute espèce qu'il se sont imposées pendant six campagnes consécutives. Quand un ingénieur des mines visite des mines ou des usines, il trouve toujours des routes plus ou moins bonnes qui y conduisent et des moyens de transports pour sa personne et ses effets ; mais les recherches géologiques de mes deux voyageurs les forçoient de traverser chaque contrée dans toutes les directions et le plus souvent hors de tout sentiers battus. Un autre motif les a encore déterminés à simplifier le plus possible leur manière de voyager, c'est l'économie des dépenses à laquelle je les ai fortement encouragés dès l'origine et dont ils ont senti la nécessité, afin d'éviter que cette belle entreprise que nous voulions conduire à sa fin ne parut trop onéreuse à l'administration et ne fut suspendu ou ajournée. Vous reconnoitrez en effet par le compte que je vais vous rendre très incessament des dépenses de la dernière campagne que je comparerai avec celles des précédentes qu'il étoit bien difficile d'obtenir tant de résultats à si peu de frais. En 1823 j'avais voyagé avec eux en Angleterre pour la géologie mais dans ce voyage outre que nous n'avions pour but que de reconnoitre des points classiques déjà signalés et non de décrire toute la constitution géologique d'une contrée, des routes excellentes dans toutes les directions nous permettoient d'aller toujours en voiture, et les habitudes du pays de même que notre qualité d'envoyés par le gouvernement français nous en faissoient une nécessité, je n'avois donc pas eu encore occasion avant l'été dernier de connoitre par moi-même leur manière de voyager en France. Tandis qu'en raison de mon âge j'étois moi même à cheval du moins quand cela n'étoit pas impossible, je les ai vus toujours à pied le sac sur le dos et par conséquent exposés à toutes les intempéries de l'air avec le bagage le plus strictement restreint, ne retrouvant le gros de leurs effets qu'à des intervalles éloignés aux lieux où il les expédioient par la diligence et néanmoins portant toujours eux mêmes leurs marteaux leurs baromètres et autres moyens d'observation et souvent aussi leurs récoltes de roches au moins jusqu'à une station. J'ai vu, j'ai partagé leurs privations dans les plus détestables gites des montagnes, et jamais ces privations ces fatigues de tout genre souvent excessives n'ont un instant abattu leur courage ou refroidi leur zèle pour la géologie,