Annales des Mines (1912, série 11, volume 2) [Image 84]

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Le traitement de l'or à la Bellière consiste dans un broyage, suivi d'amalgamation, puis de cyanuration. L'amalgamation est un procédé simple et connu depuis l'antiquité : il consiste à mettre le minerai broyé en contact avec le mercure, qui « amalgame » les parcelles d'or; l'amalgame d'or, recueilli, est distillé dans de petits fours permettant de récupérer le mercure par condensation; et les « tourteaux » d'or brut laissés par la distillation n'ont plus qu'à être fondus et affinés pour donner l'or fin. La cyanuration, due à l'ingénieur anglais Mac Arthur, a permis le traitement économique d'immenses quantités de minerai contenant de l'or non amalgamable (*) et relativement pauvre, comme, par exemple, ceux du Witwatersrand, au Transvaal. Le procédé consiste à mettre le minerai très finement broyé en contact aussi intime que possible et plus ou moins prolongé (jusqu'à huit ou dix jours pour certaines qualités de 'minerais) avec une solution étendue de cyanure de potassium (**). Cette solution a la propriété de dissoudre l'or du minerai, en formant un cyanure double d'or et de potassium ; lorsque la liqueur aurifère contenant ce cyanure double est ensuite mise en présence' de zinc en copeaux, il y a décomposition, précipitation de l'or sur les copeaux et formation d'un cyanure double de zinc, luimême peu stable, et qui laisse reprécipiter le zinc. Ce précipité d'or et de zinc mélangés est recueilli avec soin et traité par ■ l'acide sulfurique pour dissoudre le zinc, puis fondu et affiné pour donner, à son tour, de l'or fin. j Le minerai sortant des puits passe d'abord dans des concas-. seurs, qui divisent les plus gros morceaux, puis est dirigé sur la batterie desbocards. Ces bocards ou pilons sont au nombre de soixante-dix et comprennent quarante pilons de 465 kilogrammes et cinquante de 703 kilogrammes; une partie de ces pilons broie fin; le minerai qui en sort pour passer sur les tables d'amalgamation est dirigé ensuite sur des classeurs-dragueurs et des tables Wilfley (tables à secousses) qui donnent des .« concentrés », des « sables » et des boues ou « slimes»; les autres pilons sont réglés pour broyer notablement moins fin, ce qui augmente d'autant leur capacité de broyage, celui-ci s'achevant alors, pour les « sables », dans des « tube-mills » (moulins tubu(*) A la Bellière, l'amalgamation retient presque exactement la moitié de l'or du minerai. (**) Les titres des solutions de cyanure varient de 1/10.000 à 5/10.000.

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laires rotatifs à galets*de quartz) placés à la suite de la batterie de pilons; cette dernière catégorie ne passe à l'amalgamation qu'après les tube-mills. Finalement il sort trois catégories de matières: «concentrés», « sables » et « slimes », qui subissent chacune à part le traitement cyanurant. Les « concentrés » sont broyés à mort et cyanurés dans des « pans » (broyeurs à meules), puis dans des -cuves à agitation par l'air comprimé. Les « sables » sont traités par percolation, c'est-à-dire par filtrage lent de la solution cyanuréeà travers leur masse, l'opération se faisant dans de grandes cuves (*), dites cuves de cyanuration: c'est cette opération qui dure jusqu'à dix jours pour certains sables. Enfin les « slimes », depuis un perfectionnement récent apporté au traitement, passent dans des épaississeurs de pulpe qui les concentrent à l'état de pâte fluide, laquelle est envoyée dans des cuves verticales, où la cyanuration se fait par agitation à l'air comprimé avec la liqueur titrée. Ces trois traitements partiels donnent des solutions cyanurées aurifères, qui sont conduites dans des boîtes contenant le zinc en copeaux : là se fait la précipitation de l'or dont nous avons déjà parlé. Après élimination du zinc par l'acide sulfurique, les boues aurifères restantes sont passées au filtre-presse, puis fondues pour or. Un détail intéressant concernant le traitement des « slimes » est la filtration de la liqueur aurifère en fin de traitement, avant le passage sur le zinc ; cette filtration s'opère à travers les parois en toile de châssis à l'intérieur desquels on détermine un vide relatif; l'épuisement des boues collées à l'extérieur de ces parois est obtenu par la filtration, — après le passage de la liqueur, — d'une certaine quantité d'eau pure; et les boues ainsi épuisées sont ensuite détachées au moyen d'un courant d'air comprimé envoyé à l'intérieur des toiles des châssis. La force nécessaire pour l'ensemble de la mine et de l'usine est de 1.600 chevaux; la consommation d'eau approche de 2.000 mètres cubes par jour. Le personnel total occupé, ouvriers et employés, est d'environ 750 personnes, dont 250 pour l'usine;

(*) Les nombreuses cuves, environ trente, employées dans l'usine et qui y occupent une place considérable, comprennent : des cuves d'attente ; des cuves de décantation ; des cuves de réception des liqueurs ; enfin surtout des cuves de traitement qui ont des diamètres de 7 à 12 mètres.