Annales des Mines (1909, série 10, volume 15) [Image 19]

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DISCOURS PRONONCÉ AUX FUNÉRAILLES DE M. LORIEOX

DISCOURS PRONONCÉ

AUX

FUNÉRAILLES

DE M. EDMOND LORIEUX INSPECTEUR GÉNÉRAL DES

MINES

le 18 janvier 1909 Par M. AGUILLON, Inspecteur général des Mines,

MESSIEURS,

C'est toute une tradition qui, pour le Corps des Mines, disparaît avec Edmond Lorieux(*), auquel je viens dire adieu au nom de ses anciens collègues, restés tous ses amis. Son père, pour lequel il avait gardé un véritable culte et qui datait des dernières heures du XVIII " siècle — et nous sommes au xx e — avait déjà été l'un des nôtres. Par la filiation, par les souvenirs qu'il aimait à recueillir et à conserver, Edmond Lorieux nous faisait remonter en quelque sorte à nos premières origines, à ces époques, pour nous presque héroïques, où l'exploitation des mines et leur surveillance administrative étaient si différentes de ce qu'elles sont devenues. (*) LORIEUX (Edmond-Marie), né à Nantes (Loire-Inférieure) le 22 avril 1832 ; mort à Paris le 16 janvier 1909. Elève-ingénieur' des mines, 15 novembre 1853: ingénieur ordinaire, 1" janvier 1837 ; ingénieur en chef, 16 mai 1877 ; inspecteur général de 2" classe, 1" novembre 1886; de 1" classe, 1" avril 1896. Services: Sous-arrondissement minéralogique de Nantes, 1" juin 1856-1" avril 1877 ; attaché en outre au contrôle des chemins de fer, 1" septembre 1857 ; ingénieur en chef chargé de la 3 e section du contrôle de l'exploitation du chemin de fer d'Orléans, à la résidence de Nantes, 1" avril 1877 ; secrétaire du Conseil général des mines, 1" juin 187931 mars 1888 ; division minéralogique du Nord-Ouest, ,16 novembre 1886.

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Sa carrière fut relativement simple. Il avait passé son temps d'ingénieur ordinaire dans cette région de l'Ouest où son père l'avait précédé et où les liens de famille les plus étroits et les plus doux devaient le fixer davantage. Certes le service dont il était alors chargé ne pouvait lui permettre de donner sa mesure ; il sut pourtant y montrer' ses qualités. Aussi nul ne s'étonna lorsque, à peine nommé ingénieur en chef, il fut désigné en 1879 pour le poste si important de Secrétaire du Conseil général des Mines. Il avait tout ce qu'il fallait pour y réussir : une haute courtoisie dont la froideur apparente était tempérée par une extrême bienveillance; de fortes convictions qu'il savait soutenir doucement, mais fermement, avec cette indépendance que lui donnaient sa situation personnelle et surtout son caractère ; un souci du devoir poussé à ce point que lui, l'homme calme par excellence, devenait nerveux par la seule appréhension de la possibilité d'un retard ; un clair bon sens au service duquel il pouvait mettre une plume souple, facile et élégante. Lorsque, au bout de dix ans d'un travail consciencieusement accompli, il quitta le Secrétariat du Conseil, ce fut pour prendre et garder, comme inspecteur général de 2°, puis de V° classe, le service des houillères du Nord et du Pasde-Calais. Il s'efforça d'y faire quelque bien en cherchant, par tempérament, plus à convaincre qu'à réprimer. Aussi bien il n'eut pas à connaître des heures difficiles comme celles qu'ont dû traverser ses successeurs. Tout lui avait souri dans une existence qu'il avait su conduire avec une incomparable dignité. Lorsqu'il prit sa retraite, voici quelque sept ans, en pleine vigueur de corps et d'esprit, il n'avait plus qu'à jouir de la vie qu'il s'était ainsi faite. Il se plaisait à voir son fils et ses gendres — je puis dire ses autres fils — continuer, dans nos corps, les belles traditions dont son frère et lui avaient hérité de leur père. Il jouissait particulièrement de l'éclat que