Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 257]

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CONSTITUTION DE LA PARTIE MÉRIDIONALE

DU BASSIN HOUILLER DU NORD

Un autre argument a encore été donné en faveur de la théorie de l'affaissement. Le faisceau gras d'Abscon est sans doute le prolongement du faisceau gras du Sud d'Aniche, qui a été exploité autrefois par la. fosse d'Aoust. Le faisceau gras d'Aniche forme un synclinal couché ; les dressants renversés, qui sont au Sud, semblent correspondre à ceux du faisceau gras d'Abscon ; quant aux plateures, qui sont au Nord, elles paraissent en stratification assez bien concordante avec les veines du faisceau demi-gras d'Aniche; cette concordance apparaît sur la carte de la Pl. XIV, où nous avons figuré le passage de la veine Lambrecht du faisceau demi-gras d'Aniche et celui de la veine Scipion du faisceau gras d'Abscon. Il n'est pas nécessaire, il est même peu rationnel, semble-t-il d'invoquer la présence d'une faille importante pour expliquer la présence du faisceau gras d'Aniche au toit du faisceau demi-gras. Le cran de retour, faille d'affaissement, prendrait naissance dans la région bouleversée, qui sépare les faisceaux gras et demi-gras d'Aniche", et il augmenterait d'importance vers l'Est, de manière à produire à Saint-Mark une dénivellation assez importante. En réalité, tous les faits observés à l'Ouest de Valenciennes peuvent s'expliquer aussi bien par l'hypothèse du charriage que par celle de l'affaissement. La démonstration en a été donnée par Marcel Bertrand [Annales cks Mines, 1894), à qui nous sommes redevables de l'hypothèse faisant du cran de retour une faille do charriage. On conçoit qu'un charriage venu du Sud puisse juxtaposer les veines demi-grasses de Thiers et d'Aniche avec des veines grasses, plus élevées dans la série houillère. La coupe delà, fig. 2 (Pl. XVI) montre que l'explication est admissible. Mais si, dans cette seconde hypothèse, le cran de retour devient une faille de charriage, la faille d'Abscon, de même que les failles d'Édouard et de Renard, restent

des failles d'affaissement, et c'est grâce à elles que le faisceau gras est beaucoup plus riche à Denain qu'à Valenciennes. La fig. 1, Pl. XVII, représente cette conception (*). La lame de charriage se serait avancée dans la région de Denain plus haut qu'elle n'apparaît maintenant, aussi haut que dans la région de Valenciennes; elle aurait reculé ensuite en glissant sur des failles d'affaissement du genre de celles d'Abscon, d'Édouard, de Renard, de manière a ne laisser à l'endroit où le charriage l'a amené que le coin du faisceau gras d'Abscon. M. Olry avait fait remarquer que les veines du faisceau gras d'Abscon ont à peu près la même teneur en matières volatiles que les veines inférieures du faisceau gras de Denain (groupe de Grande Veine, Jumelles) et présentent avec elles certains caractères de ressemblance ; il émettait l'opinion que ces deux groupes occupent la même place dans la série houillère. Cette hypothèse nous parait très vraisemblable ; elle est intéressante pour préciser la position du faisceau gras d'Abscon, mais il est juste de reconnaître qu'elle est également compatible avec les théories du charriage et de l'affaissement. Il nous reste à examiner l'argument invoqué en faveur de l'affaissement et qui repose sur la concordance des faisceaux gras et demi-gras d'Aniche. Cette concordance s'explique avec la théorie du charriage, en admettant que le cran de retour se prolonge dans la région brouillée qui sépare les faisceaux gras et demi-gras d'Aniche, qu'il est sensiblement parallèle aux veines, et que les plissements concentriques que l'on observe sont postérieurs au charriage; le cran de retour serait plissé de la même manière (pie les couches. Cette considération demande quelques développements.

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(*) Pour simplifier le dessin, et parce que leur position est incertaine, nous avons réuni les failles analogues d'Abscon, d'Edouard et de Renard.