Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 45]

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ÉTUDE SUR L'INDUSTRIE DU FER

ruisseau de la Gouttelle. Ce fut à l'origine un moulin à farine, qui tout d'abord fut transformé en une petite ferronnerie ; puis un fondeur y introduisit le moulage de la fonte, on y fabriqua des armes portatives, des baïonnettes et des articles de chemins de fer; en 1863, comme nous l'avons dit, on introduisit la fonte malléable. Aujourd'hui l'usine compte environ 200 ouvriers. Elle s'approvisionne pour la fonte ordinaire au comptoir de Longwy et pour la fonte malléable en Angleterre, en Allemagne et en Suède. Elle emploie comme combustibles des cokes et des houilles belges. Elle est desservie depuis Nouzon par le chemin de fer à voie étroite qui va jusque Gespunsart. Les débouchés de ses produits sont la quincaillerie, les Compagnies de chemins de fer et les industries privées en général. On n'y fabrique que de petites pièces. Le prix de vente est de 40 francs en moyenne pour la fonte ordinaire et de 90 francs pour la fonte malléable. D'une façon générale, les ouvriers sont payés à la tâche, et, comme partout dans les Ardennes, la paie a lieu tous les quinze jours. La plupart sont Français; il y a quelques Belges, mais tous d'origine locale ; assez peu sont propriétaires ; ils habitent le hameau de FroideFontaine et occupent leurs loisirs à des travaux domestiques. Divisions de l'atelier. —- Fonderie de fonte ordinaire ; fonderie de fonte malléable ; atelier de construction et de finissage. Force motrice.— Une machine Corliss-Dujardin de 80 chevaux, avec une chaudière Belleville, et deux turbines hydrauliques, l'une de 18, l'autre de 45 chevaux, actionnées par la chute d'eau de la Gouttelle. Une dynamo à 70 volts sert pour l'éclairage.

DANS LES ARDENNES FRANÇAISES

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Fonte ordinaire. — La fusion se fait dans deux cubilots, de 4 mètres de hauteur et 60 centimètres de diamètre, passant 1.500 kilogrammes à l'heure. Les charges sont de 200 kilogrammes de fonte pour 12 kilogrammes de coke. Le vent est soufflé par un ventilateur à 16 centimètres d'eau et distribué par la boîte à vent à l'aide de tuyères en fonte. La fonte est coulée en poches et vidée dans les moules. Le moulage se fait à l'aide de sable d'Aiglemont, localité voisine, dans la proportion de 2/3 vieux pour 1/3 neuf, sans aucune autre addition. Fonte malléable. — La fusion se fait dans deux cubilots semblables en tous points aux deux premiers ; mais, comme il est nécessaire d'obtenir une plus haute température pour la fonte blanche que l'on emploie, on souffle à 30 centimètres d'eau et on consomme 16 kilogrammes de coke par charge de 200 kilogrammes de fonte. L'un d'eux a été reconstruit récemment, et on a supprimé le dispositif suivant, reconnu inutile et souvent gênant : audessus de la zone de combustion, on faisait des prises de gaz à l'aide de tuyaux et on ramenait ceux-ci dans la boîte à vent pour être brûlés. La coulée de la fonte malléable se fait comme celle de la fonte ordinaire. Nous attirons l'attention sur la grande importance des masselottes, c'est-à-dire des réservoirs d'alimentation que l'on doit ménager et qui sont la garantie la plus sûre pour éviter les soufflures dues au phénomène que les fondeurs désignent sous le nom de tassement. Ces masselottes sont particulièrement importantes pour la fonte blanche, dont le retrait est bien supérieur à celui de la fonte grise. Les modèles sont pour la plupart en métal (95 p. 100 au moins).