Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 43]

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ÉTUDE SUR L'INDUSTRIE DU FER

DANS LES ARDENNES FRANÇAISES

les logements sont rares dans les villages de la vallée et les loyers montent rapidement. Pour exemple, les logements d'ouvriers à Hautes-Rivières comprenant deux ou trois pièces et un grenier coûtent 12 à 15 francs par mois. On ne trouve plus guère, dans les villages de la vallée, d'anciennes maisons basses, insalubres, au sol surbaissé. Partout s'élèvent des constructions nouvelles, l'ambition de l'ouvrier indigène étant de devenir propriétaire.

triel son entier développement. Depuis une trentaine d'années des transformations profondes et rapides se sont accomplies; les petites industries familiales ont fait place à la grande fabrication des usines. La grosse industrie n'est pas encore représentée dans le pays ; mais il est probable que les ressources encore inutilisées tenteront quelque jour des commerçants ou des capitalistes en quête d'affaires à lancer. Les petits patrons de la vallée redoutent précisément l'arrivée, qu'ils sentent prochaine, de redoutables concurrents contre lesquels ils ne pourront lutter, faute de capitaux, pour transformer leur outillage. Cette transformation s'accomplira rapidement si l'on prolonge vers la Belgique le chemin de fer à voie étroite de Monthermé à Hautes-Rivières. Le prolongement de la ligne a été voté par le Conseil général et les Chambres, mais on tarde à commencer les travaux. Le raccordement de cette ligne au réseau belge à Gédinne faciliterait les relations d'échanges avec les fabricants belges et abaisserait considérablement le prix de revient des charbons du bassin de Liège. Pour les diverses raisons énumérées plus haut, il nous semble que l'évolution de la vallée vers la grande industrie doive se faire prochainement. Cette transformation sera-t-elle profitable au pays? Nous n'oserions l'affirmer. Les ouvriers ne gagneront pas beaucoup plus, ils contracteront d'autres habitudes, mais rien ne permet de penser qu'ils seront plus heureux. Les petits patrons qui se sont fait une situation par leur intelligence et leur travail devront subir les lois que leur feront des concurrents plus puissants. De grosses fortunes seront peut-être réalisées dans le pays ; l'industrie nationale peut y gagner beaucoup; est-il sûr que l'industrie locale n'y perdra rien?

Chômages. — Ils sont rares ; jusqu'à présent, dans les périodes de ralentissement, les industriels n'ont pas craint de continuer leur fabrication et de mettre les marchandises en magasin. En cas de chômage prolongé, la misère n'est pas à craindre, la plupart des ouvriers connaissant le travail du bois et des champs. Beaucoup, à la belle saison, quittent encore la boutique pour aller « écorcer.» ou travailler aux champs. Sociétés. — De bonne heure, on a compris l'utilité des associations mutuelles. Deux sociétés de secours mutuels ont été fondées en 1860, l'une à Hautes-Rivières, l'autre à Thilay, et sont très prospères. Trois coopératives de consommation ont également été créées en dehors de toute idée politique et fonctionnent à Sorendal, HautesRivières et Thilay; elles sont aussi des plus prospères. De nombreux ouvriers font des versements à des assurances mutuelles dans le but de se procurer des retraites : aux Prévoyants de l'Avenir, à la Mutuelle lyonnaise, aux Vétérans des Armées de terre et de mer. Il existe également de nombreuses sociétés récréatrices : de musique et de gymnastique à Hautes-Rivières, de tir à Hautes-Rivières et à Thilay. Conclusion. — Avenir industriel de la vallée de la Semoy. — Le pays n'a pas encore atteint au point de vue indus-