Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 11]

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ÉTDDE SUR L'INDUSTRIE DU FER DANS LES ARDENNES FRANÇAISES

dans la vallée du'Viroin. Elles sont exploitées par la Société belge des Hauts Fourneaux et Aciéries d'OugrécMarihaye, laquelle possède en outre les hauts fourneaux de laChiers, dans la région de Longwy. Les Forges de Vireux, qui occupent 800 ouvriers, dont 700 au moins sont Belges, comprennent : une aciérie Martin, une usine de puddlage, des laminoirs et une petite fonderie, celle-ci sans intérêt. Aciérie Martin. — Elle comprend deux fours, faisant chacun de 15 à 18 tonnes, dont le plus récent n'avait encore fait, en octobre 1906, qu'une campagne de quatre mois. On y traite des fontes venant par chemin de fer des hauts fourneaux d'Ougrée et de la Chiers ; on y passe également des déchets des aciéries d'Ougrée ; la castine vient de Frasnes en Belgique, le coke de Charleroi, et le spiegel d'Angleterre. L'un des fours est desservi par cinq gazogènes Siemens, et l'autre par deux gazogènes Morgan, à chargement automatique, passant 15 tonnes de charbon ; ces deux gazogènes n'avaient, en octobre 1906, que trois mois d'existence; il est donc difficile de porter un jugement sur leurs résultats ; cependant, jusqu'alors, on en était satisfait. La fonte que l'on emploie est de la fonte Thomas ; le lit de fusion comporte en moyenne 40 p. 100 de fonte, mais on est allé à 80 p. 100, selon la cherté relative de la fonte et des déchets d'acier ; avec ceux-ci on mélange duferro-manganèse, du ferro-silicium, et comme fondants de la chaux, de la castine et aussi de la fluorine venant d'Allemagne. Les deux fours se trouvent juxtaposés, l'un un peu en arrière de l'autre. La halle de coulée se compose d'une grande fosse rectangulaire où sont ; lignées des lingo-

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tières de 500 kilogrammes au-dessus desquelles circule la poche montée sur chariot ; pour le démoulage, deux ponts roulants électriques de 5 tonnes et de 15 tonnes assurent' un service régulier. L'intérêt futur de cette aciérie résidera dans l'application du procédé Bertrand Thielt, en installation en 1906. Le principe de ce procédé consiste à charger la fonte à l'état liquide en faisant usage de deux fours Martin. On commence dans un premier four par éliminer le silicium à peu près en totalité, et une partie du carbone et du phosphore. Le métal à demi affiné passe dans le second four, débarrassé de sa scorie, et reçoit une nouvelle addition de fonte. A cet effet, on a monté entre les deux fours un cubilot, capable de passer 200 tonnes par jour ; outre la fonte, on passe par charge 2.000 kilogrammes de minerai d'Espagne à 63 p. 100 de Fe2 03 . La fonte s'écoule delà dans une poche de 15 tonnes située dans une fosse de 3 mètres de profondeur. Actuellement, l'aciérie Martin fait 140 tonnes d'acier par jour, à raison de 5 coulées par vingt-quatre heures. C'est, comme on le voit, une production intensive. Laminoirs. — Les lingots démoulés sont conduits encore chauds dans le four à réchauffer; on introduit les lingots à l'extrémité ou vers le milieu du four selon leur température ; on les pousse vers la chauffe petit à petit à l'aide de ringards. Le four est desservi des deux côtés à la fois, et alternativement; les lingots avancent donc par files de deux, on les charge successivement et on les enlève de même, à droite et à gauche. Le four est surmonté d'une chaudière chauffée par les flammes perdues. Les lingots passent du four au laminoir, formé de deuxcages trio ; il est actionné par une machine verticale de