Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 114]

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NOTICE SUR M. A. PARRAN

NOTICE SUR

M.

A. INGÉNIEUR

PARRAN, EX

CHEF

DES

MINES

Par M. L. AGUILLON, Inspecteur général des Mines.

De tout temps, depuis l'origine du Corps des Mines, quelques-uns de ses membres ont, plus ou moins tôt •dans leur carrière, quitté les fonctions publiques pour des affaires industrielles. Lorsque ces ingénieurs ont su donner à ces entreprises l'importance et le succès, ils ont, en honorant notre Corps, rendu au pays des services au moins aussi considérables que dans les cadres administratifs. Parmi ceux de nos camarades dont, à ce titre, on doit garder plus spécialement le souvenir, on mettra Alphonse Parran, mort à Paris le 1 er avril 1903, k soixante-seize ans, après une vie remplie d'œuvres multiples dont l'intérêt, en lui-même considérable, est d'autant plus grand que les principales d'entre elles se. sont développées hors de notre territoire continental. A une époque où si volontiers tant de gens parlent et écrivent sur notre expansion coloniale et mondiale, sans parfois s'être beaucoup éloignés des boulevards, il est bon de montrer l'exemple de ceux qui, sans tapage, ont su depuis longtemps agir utilement dans cette voie. Parran (Jean-Antoine-Alphonse) était né, le 26 juillet 1826, àSaint-Hippolyte-du-Fort(Gard),dans ces régions arides et mélancoliques que forment les derniers chaînons calcaires des Cévennes méridionales. Il était issu d'une vieille et excellente famille de protestants cévenols .dont les alliances dans le pays étaient assez étendues. Il

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A.

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n'avait que six mois quand son~père mourut. On n'a gardé de ce dernier que le souvenir d'un homme triste, taciturne, un peu sauvage. Alphonse Parran fut donc exclusivement élevé par sa mère, et, si celle-ci lui a donné sa bonté et sa douceur, on retrouverait l'influence paternelle dans le goût qu'a toujours eu le fils de. cacher sa vie et de fuir le bruit. Pour être mieux à même de guider et de surveiller l'éducation de ses deux enfants, un fils et une fille, M mo Parran était venue s'établir à Montpellier, où vivait une partie de sa famille. Son fils y fit ses études jusqu'à la préparation à l'École Polytechnique, pour laquelle on l'envoj-aen 1843 à Paris, à Sainte-Barbe, sur les conseils de Combes, l'éminent ingénieur des Mines et Membre de l'Institut, qui, par sa femme, était un cousin de Aime p arran . L'affection qui reliait les deux familles, fit que Combes ne cessa de prodiguer à Alphonse Parran sa plus vive sollicitude aux débuts de sa vie et de sa carrière. Il fut notamment son correspondant à Paris pendant sa préparation et son séjour k l'École Polytechnique. Et ce fut pour Parran une singulière bonne fortune que d'être entraîne à la vie scientifique et industrielle par ce maître, qui excella aussi bien dans la science générale que dans l'art des mines. Entré k l'Ecole Polytechnique en 1846, Parran était de cette promotion qui, en seconde année, prit une part si active aux événements de 1848 et qui quitta l'École le 5 mai, alors que tout travail et tout enseignement étaient déjà suspendus depuis le 24 février. Les élèves avaient obtenu que les examens de sortie n'auraient pas lieu et que le classement serait effectué d'après les notes d'interrogations du premier trimestre et surtout d'après la liste de passage en seconde année (*). Il est douteux (*) G. Pinet, Histoire de l'École Polytechnique. Tome V, 1904.

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