Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 16]

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LE GISEMENT DE FER SPATHIQUE

LE

GISEMENT

DE

FER

SPATHIQUE

DE L'ERZBERG, PRÈS EISENERZ, EN STYRIE Par M. J. TAFFANEL, Ingénieur au Corps des Mines.

ÉTUDE

GÉOLOGIQUE.

Introduction. — Le gisement de fer spathiquo do l'Erzberg, près Eisenerz, en Styrie, est un des plus puissants et des plus productifs du monde entier. Il est exploité depuis une date très ancienne, puisque les Romains en tiraient leur fer norique, et que les Taurisques, qui occupaient le pays avant eux, le connaissaient déjà ; depuis le moyen âge, la production ne s'est jamais arrêtée, et elle a pris, durant ces cinquante dernières années, un développement de jour en jour plus considérable; l'exploitation, au taux actuel de plus de un million de tonnes par an, pourrait encore se poursuivre pendant plusieurs siècles sans épuiser les réserves dès aujourd'hui prévues. Ce gisement très important, très renommé, classique pour ainsi dire, est géologiquement fort mal connu. Des opinions contradictoires ont été émises à son sujet, et, dans ces dernières années, diverses questions ont été soulevées, qui ne semblent pas près d'être résolues. Cette incertitude provient de la rareté des fossiles et des irrégularités de la stratigraphie. Lorsqu'on a sous les yeux une carte géologique de la Styrie, on saisit tout de suite dans ses grandes lignes la structure générale de la partie Nord des Alpes orientales.

DE L'ERZBERG, PRÈS EISENERZ, EN STYRIE

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Les terrains primaires et secondaires se succèdent en longues et étroites bandes orientées à peu près exactement Est-Ouest entre le massif métamorphique des Alpes centrales au Sud et le bassin tertiaire du Danube au Nord ; dans l'ensemble, ces diverses couches plongent vers le Nord, pour former le fond de la cuvette tertiaire du Danube. L'Erzberg se trouve exactement contre le bord Sud de la bande triasique. Les terrains triasiques, dont les couches, généralement fossilifères, se superposent avec une assez grande régularité, ont été facilement déterminées et ne soulèvent pas de difficulté géologique : ils fixent, pour l'âge du gisement, une limite supérieure fort nette. Au contraire, les terrains sous-jacents, à la partie supérieure desquels se trouve le fer spathique, forment un système très complexe de schistes, grauwackes et calcaires où l'on n'a pu trouver pendant longtemps aucun fossile caractéristique. C'est sur l'âge et la stratigraphie de ces terrains que portent les discussions. Anciennes études géologiques. — La zone des grauwackes. — Anton von Schouppe est l'un des premiers géologues qui se soient livrés à une étude sérieuse de la région (*) : il avait une parfaite connaissance des lieux, et si, depuis 1850, plusieurs de ses déductions ont pu être contestées, ses observations ont fait autorité et sont encore, à l'heure actuelle, d'un très grand secours. Comme on n'avait encore trouvé aucun fossile caractéristique dans les terrains antérieurs au Trias, Schouppe, sans se prononcer sur leur âge, les a groupés sous la dénomination générale de zone des grauwackes. Dans cette zone il comprend : (*) Anton x. SCHOUPPE, Geognostische Bemerkungen ùber den Erzberg (Jahrbuch der K. K. Geol. Reichsanstalt, 1857).