Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 44]

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ASSEMBLAGES DES CHAUDIÈRES A TUBES D'EAU

la tête duquel on agit de manière à presser fortement les galets CC contre la surface intérieure du tube et à les faire rouler sur cette surface, produisant ainsi le sertissage par expansion. Il importe essentiellement, pour effectuer un sertissage convenable, que la position du collier ait été soigneusement réglée, de manière que les galets du dudgeon dépassent la zone correspondant à la paroi du collecteur, du côté où la formation d'un épaulement est nécessaire pour résister à l'effort de la pression intérieure tendant à déboiter le tube. C'est en effet sur cet épaulement, et non sur le frottement, qu'il faut compter pour constituer la résistance de l'assemblage. Le 14 mai 1894, un assemblage dudgeonné entre tube vaporisateur et collecteur s'est déboîté et il en est résulté des brûlures graves pour le chauffeur de l'appareil. C'était une chaudière du système Davey Paxman ; la cause directe du déboîtement a été une déformation du tube, qui s'est infléchi vers le bas sous l'action d'une forte surchauffe, le renouvellement de l'eau dans le tube s'étant trouvé contrarié par une accumulation de dépôts ; mais il a été constaté que ce tube était imparfaitement dudgeonné ; l'empreinte laissée sur lui par le sertissage était peu sensible. Le 9 janvier 1895, un sertissage mal fait a lâché prise sur une chaudière Oriolle, à bord d'"un bateau. Ce sertissage n'assemblait pas, à proprement parler, un tube, mais un simple tampon, dans la plaque à tubes formant paroi de lame d'eau : cette disposition tenait à ce qu'on avait supprimé un certain nombre de tubes vaporisateurs, trop rapprochés de la grille : on avait en conséquence fermé par des tampons, sur les plaques à tubes d'avant et d'arrière, les orifices correspondant aux tubes supprimés. Ces tampons, en forme de dés à coudre, avaient été assujettis

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par sertissage, et l'assemblage était renforcé par virolage au moyen d'une bague d'acier. Le départ violent de l'un d'eux, au cours du service, eut pour conséquence la. mort du chauffeur et des brûlures graves au mécanicien. Il a été constaté que le dudgeonnage effectué sur ce tampon n'avait pas produit d'épaulement du côté où une buiée était nécessaire pour s'opposer à sa sortie. Le 17 avril 1899, dans une usine de filature et teinturerie, un grave accident a affecté un générateur du système Babcock et Wilcox, dont un des collecteurs ondulés n'avait pas été convenablement assemblé avec les tubes vaporisateurs. C'était une chaudière construite en 1885, avec collecteurs en fonte. A chaque collecteur correspondaient neuf tubes vaporisateurs, de 105 millimètres de diamètre extérieur et 3 mm ,5 d'épaisseur. L'un des collecteurs étant avarié, l'usine entreprit de le remplacer par un collecteur neuf, sans démonter l'ensemble de l'élément et, par conséquent, en posant le collecteur neuf sur les tubes laissés en place. Le degré d'enfoncement du dudgeon dans les tubes à sertir ne fut pas convenablement limité de manière à assurer, sur la partie dépassante de chaque tube à l'intérieur du collecteur, la formation de l'épaulement nécessaire. Quelques jours après la remise en service de l'appareil, le collecteur se détachait tout à coup, défonçait les portes de la boîte à tubes, était projeté contre un mur. situé en face, et la vapeUr et l'eau s'échappaient avec une violence telle qu'un ouvrier fut mortellement brûlé dans la cour située en face de la batterie des générateurs. Le chauffeur fut, en outre, brûlé grièvement. Pour les chaudières à tubes d'eau construites sous sa surveillance, l'Association des propriétaires d'appareils à vapeur du Nord de la France exige qu'après la première opération de sertissage, un dudgeonnage complémentaire spécial, dans lequel les galets dépassent davantage la