Annales des Mines (1897, série 9, volume 11) [Image 182]

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NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX

DE M. MASSIEU

dépend que de la distance de ce point à la surface de la sphère. Ce problème, qui offre un grand intérêt au point de vue de l'histoire du globe, avait déjà exercé la saga-

que M. Massieu a laissé la trace lumineuse de son passage.

cité de plusieurs mathématiciens, entre autres de Poisson, mais certaines des théories de ce savant contiennent des erreurs d'analyse. M. Massieu part d'une hypothèse simple sur l'état calorifique de la sphère ; il se borne à examiner le cas où celle-ci

aurait été primitivement portée dans toutes ses parties à une même température. Assurément on ne saurait affirmer qu'a aucune époque, même quand il était entièrement fondu, le -globe se soit trouvé dans cet état. Aussi la solu-

tion obtenue ne doit être regardée, ainsi que le constate si justement l'auteur, que comme un moyen de comparaison grâce auquel on peut, non pas reconstituer ce qui s'est réellement passé dans le refroidissement de la terre, mais se faire une idée de la loi générale qu'a suivie ce refroidissement, ainsi que de la durée de ses diverses phases. M. Massieu donne quelques résultats numériques de ses

formule. A la profondeur de 300 kilomètres, égale à peu près au 1/20 du rayon terrestre, en supposant que la température primitive soit de 3.000°, le refroidissement ne serait que de 0°,07; à la profondeur de 500 kilomètres, il serait insensible au bout de cent millions d'arifiées.

M. Massieu avait aussi entrepris de dresser la carte géologique du département d'Ille-et-Vilaine, en se servant des documents recueillis par Lorieux et Durocher et les complétant par de nombreuses courses sur le terrain. Cette carte, à l'échelle de 1 /160.000, fut l'objet d'une publication provisoire en 1886 ; la publication définitive ne put avoir lieu, car des travaux d'une tout autre nature

vinrent bientôt détourner M. Massieu de ce projet et lui 'enlever le temps nécessaire pour mettre la dernière main à une uvre d'aussi longue haleine,

C'est surtout dans le champ de la thermodynamique Il est probable qu'il a été encouragé à suivre cette voie, où le portaient d'ailleurs ses goûts personnels et la tour-

nure de son esprit, par son collègue à la Faculté de Rennes, Athanase Dupré, qui a publié dans les Annales de Chimie et de Physique une série de mémoires sur la théorie méeanique de la chaleur. Plus d'une fois celui-ci eut recours à l'esprit pénétrant et aigu de M. Massieu pour augmenter la rigueur de ses démonstrations ou pour jeter la lumière sur quelque point obscur ; il se trouva même amené parfois, sur ses conseils, à abandonner des propositions hasardées. Il inséra d'ailleurs intégralement dans ses mémoires deux notes de son collaborateur (*) : l'une sur l'attraction moléculaire, l'autre sur le travail de désagrégation complète, ou travail total nécessaire pour séparer les molécules les unes des autres, malgré les forces d'attraction qui s'y opposent. En 1870, M. IVIassieu présenta à l'Académie des Sciences

son mémoire sur les fonctions caractéristiques des divers fluides et sur la théorie des vapeurs, dont je vais essayer de donner une idée succincte (**).

Tout le monde admet que l'état d'un corps est complètement défini quand on connaît deux des trois quantités qui représentent respectivement le volume de ce corps, sa température et la pression qui s'exerce> sur sa surface.

L'une quelconque de ces quantités doit être regardée, pour chaque corps, comme une fonction des deux autres, prises pour variables indépendantes.

En s'appuyant sur les principes fondamentaux de la thermodynamique et choisissant comme variables, soit le volume et la température, soit la pression et la tempéra(*) Annales de Chimie et de Physique, tomes VI et VII de la série. (**) Mémoires présentés par divers savants ô l'Académie des Sciences, tome XXII, n° 2.