Annales des Mines (1897, série 9, volume 11) [Image 180]

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NOTICE SUR LA. VIE ET LES TRAVAUX

DE M. MASSIEU

leurs maîtres il continuerait le plus dignement les tra-

mission d'examen composée de Lamé, Delaunay et Puiseux.

vaux ». A la fin de sa première année, il fit l'étude de la voie

du chemin de fer de Paris au Havre et à Dieppe, des ateliers de Sotteville et de quelques fabriques de produits chimiques des environs de Rouen, et il consigna le résultat de ses observations, avec son appréciation personnelle, dans un journal de voyage qu'il remit à l'Administration de l'École. Dans sa mission de deuxième année, il étudia le gîte de plomb argentifère de Vialas et le bassin houiller de Commentry.

Je n'ai pu retrouver les mémoires qu'il a rédigés sur ces gisements. Son journal de voyage, que j'ai eu. entre les mains, porte bien l'empreinte de ces précieuses qualités de précision et de lucidité qui distinguent tous- ses travaux. En juin 1856, encore élève-ingénieur, il fut chargé du sous-arrondissement minéralogique de Privas. Mais il

ne passa que quelques mois dans ce service, car, en mars 1857, il était envoyé à l'École des mineurs de SaintÉtienne, pour y professer le cours de minéralogie, de géologie et d'exploitation des mines. Le 10 janvier de cette même année, il avait été promu au grade d'ingénieur ordinaire de 30 classe. En 1859, le poste de Caen étant devenu vacant, il sollicita et obtint cette résidence, qui avait pour lui le grand avantage de le rapprocher de sa famille. -

Il consacra dès lors à la science pure tous les loisirs que lui laissait son service administratif. C'est dans le calme c.le cette ville studieuse qu'il prépara ses deux licences; ès sciences mathématiques et ès sciences physiques, dont il subit brillamment les épreuves, puis son doctorat ès sciences mathématiques. Il soutint deux thèses, l'une de mécanique analytique, l'autre de physique mathématique, le 19 août 1861, à la Sorbonne, devant une com-

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La première de ces thèses remarquables est relative aux intégrales algébriques que l'on rencontre fréquemment dans les problèmes. de mécanique pour lesquels il existe une fonction des forces. Reprenant une étude déjà faite en 1857 par M.. Joseph Bertrand, mais dans laquelle

ce savant s'était borné à examiner le mouvement d'un point. dans un plan, M. Massieu envisage la question à un point de vue plus général. Il s'attache tout d'abord à rechercher les propriétés caractéristiques des intégrales algébriques et entières par rapport aux composantes des vitesses, puis il établit plusieurs principes à l'aide desquels il simplifie beaucoup l'examen des cas particuliers. Il

arrive ainsi, sans calculs trop fastidieux, à trouver toutes les intégrales linéaires et quadratiques que peut admettre le problème du mouvement d'un point libre dans l'espace ou assujetti à rester sur une surface donnée. Parmi les résultats de son étude, il eïi est deux qui ont acquis droit de cité dans la science et auxquels son nom est resté attaché 1° Pour qu'il y ait une intégrale du premier degré dans le mouvement d'un point sur une surface, il faut et il suffit que cette surface soit développable sur une surface de révolution ;

2° Pour qu'il y ait une intégrale du second degré dans le mouvement d'un point sur une surface, il faut et il suffit que cette surface ait son élément linéaire réductible à la forme de Liouville. Ces deux théorèmes sont d'une importance capitale dans la théorie des lignes géodésiques et ont servi de point de départ à divers travaux. Dans sa seconde thèse, M. Massieu s'attaque à la double réfraction, l'une des questions de physique mathématique dont s'occupait le plus alors le monde savant.