Annales des Mines (1896, série 9, volume 9) [Image 203]

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DE M. MASSIEU

DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

procité, M. MasSieu s'est toujours montré -très fier d'appartenir. La chaire de Géologie et de Minéralogie de la Faculté des Sciences de Rennes a été longtemps occupée par les Ingénieurs des Mines de la région. En 1861, M. Massieu était appelé à remplacer .dans cette chaire M. Durocher,

ingénieur en chef, correspondant de l'Institut, enlevé presque subitement dans la force de l'âge. Esprit mathématique d'une merveilleuse netteté,. M. Massieu devait être dans .son enseignement plus minéralogiste que. géologue. Dans cet ordre d'idées, les :questions à développer ne sont pas toujours d'un abord facile pour des auditeurs qui y sont peu préparés ; mais M. Massieu

jouissait à un si haut degré de l'aptitude à Tendre la science aimable, qu'il avait toujours devant lui des personnes venant à l'envi entendre une exposition élégante, colorée, toujours claire.

En même temps que professeur d'un rare mérite, M. Massieu était l'homme le plus affable, le plus bien- veillant, le plus conciliant qui fût au monde, aussi n'a-t-il

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l'Ouest, il devait être servi par une extraordinaire facilité de travail, car tout était prêt, tout arrivait à l'heure convenue.

Que. M. Massieu dût être appelé à une haute situation, cela n'était douteux pour personne ; mais, pour être prévue, la séparation n'en fut pas moins pénible, et je suis heureux

de pouvoir rappeler que les regrets ne furent 'pas moins vifs d'un côté que de l'autre. M. Massieu avait bien conquis le droit à l'honorariat que sollicitait, d'ailleurs, la Faculté pour l'un de ses membres qui l'avaient le plus honorée. Il a reçu le titre avec une satisfaction qu'il ne cherchait pas à dissimuler et,

depuis, il n'a pas cessé de s'intéresser à tout ce qui pou' vait assurer la- prospérité de la Faculté des Sciences: Il avait conservé sa robe avec l'espoir de la revêtir encore une fois, dans une occasion solennelle. Hélas! la mort impitoyable ne lui a pas laissé cette satisfaction. Mon cher et vieil ami, lorsque vous arriviez à la. Faculté des Sciences de Rennes, il y avait à peine un an que j'avais

pris possession. de la chaire illustrée par Dujardin. L'un

jamais provoqué que l'estime et l'affection de ses collègues,.

et l'autre nous avions succédé ados hommes considérables

de nos étudiants, de tous les candidats aux grades, en un mot de tous ceux qui l'ont approché. Ce n'est pas seulement à la Faculté des Sciences que j'ai été le collègue de. M. Massieu; les mêmes électeurs nous ont fait entrer au Conseil municipal à une époque oit de graves questions d'hygiène devaient y être débattues : adduction d'eau, création d'un. réseau d'égouts, reconstruction du lycée,. établissement de nouveaux groupes d'écoles primaires. Membre des Commissions les plus

à nous deux, nous étions la jeunesse .de la Faculté, jeunesse laborieuse pendant laquelle s'est 'fondée sm. l'estime cette affection profonde. qui s'est étendue k nos deux familles et que, seule, la mort pouvait rompre.

importantes, il fut souvent chargé de rapports qui resteront, dans les archives de l'Hôtel de Ville, comme des modèles à tous les points t-le vue. Dans ces tâches multiples, auxquelles s'ajoutait encore le

contrôle d'une importante section des chemins de fer de

Comme nous vous aimions, nous continuerons à aimer les vôtres dans le culte des mêmes souvenirs. Mon cher Massieu, j'étais de beaucoup votre aîné ;

c'est de vous que je devais attendre .ce suprême adieu que j'ai la douleur de vous apporter aujourd'hui. Au nom de vos collègues de la Faculté des Sciences, au nom de tous lés nombreux amis que vous aviez laissés

à Rennes, et dont beaucoup m'en ont prié, adieu! cher ami, adieu!