Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 150]

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292 NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ERNEST MALLARD.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ERNEST MALLARD. 293

Les travaux que Mallard a exécutés dans ces diverses occasions, et pour lesquels il a eu, depuis 1881, la constante collaboration de M. H. Le Chatelier (*), se distinguent par leur caractère de précision scientifique. Fidèle à la méthode qu'il avait, le premier, mise en honneur à

métalliques, la dimension des mailles, la vitesse du courant gazeux; l'autre, déterminé par les propriétés mêmes du grisou : température d'inflammation, température de. combustion et vitesse de propagation de la flamme. Or,

Saint-Étienne, il a tenu à appliquer constamment les procédés rigoureux de la physique et de la chimie mo-

faisait défaut.

dernes à la solution de problèmes qui jusqu'alors n'avaient été traités que par voie empirique. Indépendamment des précieux résultats de fait que ce

sur la vitesse de propagation. Il les reprit, en 1879

système a permis d'établir, il en est résulté comme une démonstration vivante de l'accord que présente nécessairement la vraie science avec la pratique, dont elle est le guide indispensable. Nous disons la vraie science, c'est-à-dire celle qui combine, dans un juste équilibre, les spéculations de la théorie avec le maniement des méthodes expérimentales ; car c'est le plus souvent pour avoir exagéré l'une ou l'autre de ces tendances, qu'on a cru rencontrer de prétendus désaccords entre la science proprement dite et les résultats empiriquement constatés. Des expériences faites à l'étranger avaient montré à quel point pouvait être inégale la sécurité offerte par

les différents types de lampes usités dans les mines. Mais ces études, spéciales aux appareils employés, n'avaient mis en lumière aucun résultat d'ensemble qui fût applicable à des cas nouveaux. Mallard se proposa d'établir la théorie générale des lampes de sûreté. Il montra que leur efficacité dépendait de deux ordres de facteurs l'un, plus ou moins maniable au gré des constructeurs ou des ingénieurs, et comprenant la forme des enveloppes C'est grâce à une précieuse communication du savant collaborateur .de Mallard qu'il nous a été possible de donner, à "cette partie de la notice, un développement en rapport aveC l'importance du sujet. (*

à l'égard de ces derniers points, toute donnée précisn Dès 1869, Mallard avait commencé des expériences ,.

cette fois avec un outillage beaucoup plus perfectionné,. et fut bientôt en mesure de donner une série complète. de déterminations, embrassant tous les mélanges com-

bustibles qui peuvent se rencontrer dans les mines. L'idée lui vint ensuite d'étendre les mêmes recherchesaux mélanges d'hydrogène, d'oxyde de carbone, de gaz d'éclairage, de sulfure de carbone en vapeur, etc. Cette. extension, qui pouvait sembler sans rapport avec le problème posé à l'occasion des mines, se trouva 'singulièrement opportune ; car, bientôt survenait à Paris un grave. accident, causé par l'inflammation d'un mélange gazeux explosible. Le service des pompiers provoqua une consultation des hommes compétents , pour décider quel type de lampes il convenait d'employer en pareille circonstance. Les expériences de Mallard permirent de formuler une réponse immédiate. Sans cette étude préalable, la question eût exigé près d'une année de recherches de laboratoire.

Au cours de ces travaux, en 1883, Mallard, avec son habituelle sagacité, sut tirer des résultats obtenus quelques conséquences fécondes relativement à la chaleur spé-

cifique des gaz, ainsi qu'aux circonstances de leur dissociation à de hautes températures. Non seulement la physique y trouva un profit notable ; mais ces données nouvelles rendirent possible l'étude rationnelle des moleurs à gaz et celle des divers foyers industriels. Celui qui les avait établies allait bientôt lui-même en faire une