Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 145]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

282 NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ERNEST MALLARD.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ERNEST' MALLARD. 283

En 1879, Mallard donnait à la Société de minéralogie une note sur la théorie des macles par hémitropie. Rarement de plus beaux aperçus ont été présentés sous une forme plus concise et plus simple. L'auteur fait voir que deux portions cristallines contiguës ne peuvent affecter que deux situations d'équilibre relatif : l'équilibre réticulaire, où le réseau se poursuit d'une portion à l'autre ; et l'équilibre de macle, qui correspond à une hémitropie

conclusion que de récentes recherches paraissent avoir

de l'un des réseaux autour de la normale au plan de

deviennent subitement uniréfringents à une température déterminée. Mais les savants expérimentateurs ne se bornent pas à définir cette température. Mallard a déjà reconnu que, pour la boracite, « la calcination ne modifie

jonction. Mais il remarque de suite que cette hémitropie n'est suffisante que dans le cas des formes holoédriques. Si la symétrie du polyèdre moléculaire est incomplète,

l'équilibre mécanique exige une autre rotation. Ici le tempérament du géomètre intervient, et inspire à l'auteur l'idée de composer ces rotations successives suivant

la règle d'Euler. Du coup il découvre la raison de ces hémitropies parallèles ( c'est-à-dire accomplies autour d'un axe situé dans le plan de jonction), qui semblaient une fantaisie de la nature, et justifie des macles, comme celle du cuivre gris , dont nulle conception n'avait pu jusqu'alors expliquer la disposition.

D'autre part, il réussissait à montrer comment une interprétation fort simple des éléments cristallographiques de la staurotide permet de rendre compte des macles

si caractéristiques de cette espèce, où la jonction ne s'accomplit pas suivant une face commune de notation simple. La curieuse croix grecque ou croisette de Bretagne

n'est que la manifestation d'un axe pseudo-quaternaire,

et la croix de Saint-André trahit un axe binaire, dont l'espèce est pourvue en vertu de sa symétrie quasicubique.

Ajoutons que, dans une étude théorique sur les mélanges isomorphes, le savant minéralogiste établissait que les indices de réfraction d'un mélange sont liés par une fonction linéaire avec ceux des corps composants,

pleinement vérifiée. A cet ensemble d'habiles déductions, Mallard ajoutait

d'ingénieuses expériences, entreprises pour la plupart avec la collaboration de M. H. Le Chatelier, et qui ont montré comment la chaleur, en modifiant les groupements

réticulaires, peut changer le caractère optique d'une espèce. Par exemple, la boracite et l'iodure d'argent

ni la forme de l'ellipsoïde d'élasticité optique, ni la position des six orientations qu'on peut lui donner elle ne modifie que le choix fait, en quelque sorte, par chaque partie de la laine cristalline entre ces six orientations ». Avec son collaborateur, il entreprend une nouvelle expérience, et la dispose de manière à noter au passage toutes les fluctuations de l'état thermique. Ils découvrent ainsi que la transformation isotrope est accompagnée par l'absorption d'une certaine quantité de chaleur. Ce calorique latent accuse évidemment le travail dépensé *pour la rotation des particules. De la sorte, le fait de cette rotation devient aussi certain que dans les mémorables expériences de Reusch et de Baumhauer sur la production mécanique des hémitropies de la calcite. Une autre fois, consulté sur la véritable définition de la calcédoine, Mallard reprend l'étude de cette substance,

y démontre la présence fréquente de l'opale, signale les confusions qui ont souvent été faites dans les collections, et découvre en passant une nouvelle variété cristalline de silice, qu'il appelle Lussatite. Après quoi,

s'attaquant à la tridymite, il établit son identité avec l'asmanite. Puis il reconnaît que la christobalite Mexique se place dans son voisinage immédiat, et que Tome VII, 1895.