Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 301]

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DÉGAGEMENTS INSTANTANÉS DE GRISOU

AUX MINES DE BESSEGES.

prescrits par l'administration; un grand nombre de ces

surface de 15 mètres carrés, sans qu'on eût autre chose que des indices de grisou quand on touchait au charbon.

dégagements ont eu lieu malgré des sondages préalables, et notamment l'énorme dégagement de l'Agrappe où le front de taille était précédé de plusieurs trous de sonde de 4 à 5 mètres de profondeur ; du reste, M. Arnould, dans son ouvrage sur les dégagements instantanés de Belgique cite, à propos de l'hypothèse du grisou liquide ou solide, émise-par M. de Vaux, cette phrase de ce dernier : « Ainsi s'ex-

pliquerait mieux qu'aujourd'hui l'inefficacité du sondage pour découvrir ces réceptables peu développés. (*)a Sans recourir à l'hypothèse du grisou liquide ou solide, on s'explique bien l'inefficacité des sondages à Bessèges

en observant que, même lorsqu'on découvre la couche par des surfaces assez considérables et qu'on laisse ces surfaces exposées pendant longtemps à l'air, on ne réussit pas toujours à la saigner. Ainsi, à Bessèges, on avait abandonné une galerie plate au neuvième étage, dans la couche Saint-Auguste Ter, à cause de l'abondance du grisou. On reprit ce chantier un mois et demi plus tard; au moment où on se trouvait à 6 mètres en avant du front de taille arrêté auparavant, il se produisit un dégagement (n° 6 de Bessèges), et on n'avait pas constaté la présence du grisou au chantier une heure auparavant. Dans un autre cas (n° 17 de Bessèges), à la traversée de la couche Saint-Denis par la bacnure du neuvième étage à la suite de deux dégagements, on se décida à découvrir

d'abord toute la traversée de la couche, en enlevant le grès du toit par coups de mines isolés à, la dynamite à l'ammoniaque. Cette opération put être exécutée sur une (*) M. Arnould lui-même recommande cependant la pratique des sondages, auxquels il reconnaît une grande utilité, en vue de saigner la veine et de dégager la pression, et il dit (p. 151) : «Ce n'est pas une raison parce que ce moyen n'a pas été efficace dans

tous les cas, comme on l'a vu par le relevé, pour qu'il faille aujourd'hui le rebuter. »

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Lorsqu'on commença ensuite à 'prendre le charbon, on eut,

après avoir chargé 7 wagons sans dégagement anormal, un dégagement subit assez violent, annoncé par des craquements, qui renversa 4 à 5 wagons de charbon et sou-

leva de Orn,60 la dernière longueur de chemin de fer posée sur le charbon. D'autre part, des dégagements successifs se sont produits en des points peu éloignés les uns des autres ; ainsi le dégagement 11 de Bessèges s'est produit à 3 mètres en avant du dégagement 10, le dégagement 13 à 2 mètres en avant du dégagement 12.

Tous ces faits nous paraissent de nature à démontrer que le rayon dans lequel un sondage peut opérer une sai-

gnée, au moins lorsque le grisou se présente dans les conditions observées lors des dégagements instantanés de la mine de Bessèges, est très faible.

Il importe de faire ressortir qu'il ne s'est produit, jusqu'à présent, aucun dégagement instantané dans les tra-

vaux en taille largement ouverte de la mine de Bessèges(*); les chantiers où ils ont eu lieu sont Descentes

Galeries plates au charbon Travers-bancs (traversée de couche)

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(*) Il vient de se produire un petit dégagement instantané, dans une taille de la mine de la Grand'Combe. A l'extrémité supérieure d'un front de taille de 80 mètres de la couche Grand'-

Baume, au puits de la Forêt, les ouvriers furent prévenus, le 18 février 1892, par le craquement du charbon, de quelque fait anormal. Ils se retirèrent à une certaine distance et entendirent une détonation semblable à celle d'un coup de mine, suivie d'un grondement produit, sans doute, par la sortie du gaz.

En revenant à la taille, les ouvriers se trouvèrent un instant arrêtés par le grisou qui ne tarda pas à être entraîné par le cou-