Annales des Mines (1891, série 8, volume 19) [Image 196]

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346 NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ÉDOUARD PHILLIPS.

avoir été déjà présenté par la section de mécanique comme successeur de Cauchy, en 1858, et de Clapeyron, en 1865. Sa vie privée était simple et consacrée à sa famille et à ses amis intimes. Il travaillait à ses grands mémoires, le matin, surtout de bonne heure. Il rédigeait ces mémoires dans un temps relativement court, parce qu'il y réfléchis-

sait souvent, même au milieu du monde: toutefois ses travaux ne l'empêchaient nullement de prendre volontiers

part à la gaieté de ceux qui l'entouraient. Son aménité et sa bienveillance le faisaient aimer de tous ceux qui l'approchaient ; comme professeur, comme examinateur, il avait également conquis l'affection de ses élèves; qui appréciaient la lucidité de ses cours, la peine qu'il prenait pour les perfectioner sans cesse, son équité

et la douceur avec laquelle il conduisait ses interrogations.

L'année de l'Exposition fut extrêmement fatigante pour lui : à ses examens de l'École polytechnique, s'ajoutèrent les séances des jurys, les congrès auxquels il prit

une part des plus actives en qualité de président ; il ne put que fort tard aller prendre un peu de repos dans sa terre de Narmont, où il devait succomber, le 14 décembre 1889, aux atteintes d'un mal presque foudroyant, causé

en partie peut-être, par .ses excessives fatigues. Si nous citons enfin les grands événements de sa vie, son mariage, la naissance de ses trois enfants, la perte cruelle de l'un d'eux, son seul fils, âgé de huit ans, nous aurons, en quelques lignes, terminé la biographie si simple

de Phillips. Mais l'examen de ses travaux nous arrêtera plus longtemps, si sommaire qu'il soit ; car peu d'hommes

ont eu pour le travail la même ardeur et la même facilité. Le premier travail d'Édouard Phillips, alors élève in-

génieur, publié dans les Annales des mines en 1845, a

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pour titre : Mémoire sur le gisement, l'exploitation, la préparation mécanique et le traitement métallurgique des minerais de plomb de Bleiberg, en Carinthie ; c'est un bon mémoire d'élève, où les divers points mentionnés au titre

sont examinés avec méthode. Le calcul des moments pour une machine d'extraction à tambours coniques, des-

servant un plan incliné (p. 261), montre l'intérêt que prenait déjà l'auteur du mémoire aux questions de méca-

nique. Une machine à colonne d'eau, actionnant des pompes, est aussi l'objet d'une étude attentive (p. 267). Les deux travaux publiés ensuite par Phillips dans les Annales rapportent des expériences entreprises de concert avec son ami et camarade d'école Rivot Phillips avait en effet d'abord suivi Rivot dans l'étude de la chimie et de la métallurgie. L'un de ces travaux (Annales des mines, 4° s., t. XIII, p. 251) a pour objet la description d'un nouveau procédé de traitement métallurgique des minerais de cuivre ; après quelques essais infructueux

pour décomposer le sulfate de cuivre en fusion par le courant de piles Bunsen, les auteurs avaient réussi à le réduire au réverbère après grillage, par le fer. Ce travail a été analysé par Pelouze (*), qui déclare que ces recherches, longues et difficiles, ont exigé de leurs auteurs autant d'habileté que de persévérance. L'autre travail (4' s., t. XIV, p. 57) fait connaître la conductibilité électrique

de diverses roches à de hautes températures. A SaintÉtienne, il avait exécuté de délicates analyses d'acier (1. Ces mémoires, ainsi que tous ses travaux jusqu'à l'année 1864, ont été analysés dans une brochure sur ses titres scientifiques, publiée chez Gauthier-Villars. Citons encore quelques travaux secondaires de Phillips remontent à la même époque : un rapport à la coin(*) Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1847,2' sein., p. 739. (**) Annales, 4' s., t. XIV, p. 324.