Annales des Mines (1891, série 8, volume 19) [Image 195]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

344 NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ÉDOUARD PHILLIPS.

l'horlogerie apprécie les travaux de Phillips. Une notice sur l'ceuvre du regretté savant doit trouver également sa place dans les Annales des mines, qui ont reçu plusieurs de ses mémoires les plus importants. La vie de Phillips a été consacrée tout entière à l'étude et au travail : devenu son maître au sortir même de l'enfance, il commence sans hésitation et sans défaillance cette existence laborieuse avec une énergie, une persévérance qui ne devaient jamais l'abandonner : seule la mort peut -interrompre le cours de ses travaux. Hors des études qui sont sa vie presque entière, nous avons peu d'événements à rapporter ; son existence, si bien remplie, s'écoula tranquille et douce. Comme les peuples heureux, souvent les hommes heureux n'ont pas d'histoire,

car leur bonheur est fait de la tendresse constante de leur famille, de l'amitié de tous ceux qui les approchent, de- l'estime de tous ceux qui les connaissent et surtout de leur sagesse qui leur fait apprécier ces biens, les plus précieux de tous, trop souvent dédaignés par les esprits inquiets. Édouard Phillips naquit à Paris, le 21 mai 1821. Son père, qui était Anglais, habitait Paris où il avait épousé une Française. Phillips eut le malheur de perdre jeune ses parents : à seize ans, il se trouvait orphelin avec son frère Charles. Ces deux jeunes gens, habitant Paris, ri-

ches, sous la direction de leur grand'mère seule, ne se laissèrent pas détourner des travaux sérieux, donnant ainsi un louable exemple de raison et de caractère bien trempé ; tous deux se préparèrent à l'École polytechnique. Édouard, le plus jeune, laissa toutefois son aîné concou-

rir seul, le premier, dans la crainte d'être reçu sans lui. Quoique Anglais, ils pouvaient à cette époque se présen-

ter à l'École polytechnique, où ils se firent natulariser français. Tous les deux sortirent dans les services civils : Édouard, classé second de sa promotion, comme Ingé-

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ÉDOUARD PHILLIPS. 345

nieur des mines ; Charles, comme Ingénieur des ponts et chaussées. Entré à l'École des mines à la fin de 1842, Éd. Phillips fut chargé, en 1846, du sous-arrondissement minéralogique de Carcassonne, et, dans la même année, nommé professeur de mécanique et d'exploitation des mines à l'École des mineurs de Saint-Étienne. En 1847, il eut le service des appareils à vapeur de la Seine ; en 1849, il se fit recevoir docteur ès sciences mathématiques ; puis il fut

chargé du contrôle, pour l'État, du matériel et de l'exploitation technique du chemin de fer de l'Est et de quelques autres lignes ; mais il quitta bientôt les services administratifs. Pendant plusieurs années, à partir de 1852, il fut ingénieur du matériel du chemin de fer de l'Ouest, puis ingénieur en chef du matériel et de la voie du chemin de fer Grand-Central. Il reprit d'ailleurs bientôt les fonctions de professeur, qu'il avait exercées à ses débuts ; il

enseigna la mécanique et la physique aux élèves de l'année préparatoire à l'École des mines, de 1852 à 1854. Plus tard, il fit les cours de mécanique qui devaient l'illustrer comme professeur, à l'École centrale de .1864 à

1875, à l'École polytechnique de 1866 à 1879, époque où il prit à l'École polytechnique les fonctions d'examinateur qu'il conserva jusqu'à sa mort. Il avait été nommé Ingénieur en chef des mines le 1" janvier 1867, et Inspecteur général le 16 novembre 1882.

Outre ses importantes fonctions de professeur, qui l'occupaient beaucoup, car il faisait à la fois deux cours considérables, qu'il tenait à modifier chaque année, il prit part, depuis son retour à Paris, à de nombreuses commissions, telles que la commission centrale des machines à vapeur, le comité de l'exploitation technique des chemins de fer, la commission du mètre, les jurys des expositions universelles, etc. En 1868, il fut élu comme successeur de Foucault, à l'Académie des sciences, après