Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 292]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

CHAPITRE VI. L'ÉCOLE DES MINES A PARIS DEPUIS 1814. §

1.

L'École jusqu'à son installation à l'hôtel Vendôme.

Chassés par l'invasion de la Savoie, que le traité du 30 mai 1814 devait rendre à la Sardaigne, les quelques élèves (*) qui n'avaient pas encore terminé le cours de leurs études pouvaient être réunis à la direction générale des mines à Paris ; le laboratoire et les collections restés à l'hôtel de Mouchy depuis le transfert de l'École à Moutiers offraient des moyens d'instruction supérieurs à ceux dont on disposait en Savoie. Les trois professeurs, qui se trouvaient à Paris, pouvaient donner leurs leçons, et Collet-Descotils qui, depuis 1802, était resté directeur

du laboratoire, pouvait, en reprenant le cours de docimasie, combler notamment la lacune qu'avait présentée à cet égard l'enseignement de Moutiers. Mais à peine remonté sur le trône, Louis XVIII manifesta son désir de restituer aux anciens propriétaires leurs biens séquestrés qui n'avaient pas encore été aliénés. Une ordonnance du 18 juin 1814 enjoignit notamment de rendre au prince de Poix l'hôtel de Mouchy. Après avoir hésité entre plusieurs bâtiments dépendant de diverses administrations, la direction générale des mines se décida à louer, à partir du 1" juillet 1814, pour

NOTICE HISTORIQUE.

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douze ans, au prince de Bourbon-Condé, qui en avait repris possession, l'hôtel du Petit-Luxembourg, y compris les communs, au prix annuel de 23.000 francs. Le déménagement de la rue de l'Université au Luxembourg se fit immédiatement. La direction générale des mines toujours confiée au comte Laumond, l'École, ses collections, sa bibliothèque et ses laboratoires, ceux-ci établis dans les communs, ne tardèrent pas à être installés (*) ;

l'École se trouvait en état de fonctionner et put fonctionner dans l'hiver 1814-1815 aussi bien que les événements de l'époque pouvaient le permettre. Collet-Descotils, sur lequel on fondait justement de si grandes espérances, avait été nommé directeur de l'École le 1" août 1814. L'installation était à peine terminée au Petit-Luxembourg qu'il fallait à nouveau évacuer ce local. A la date du 17 juillet 1815, la direction générale des mines était supprimée, et le service des mines réuni à celui des ponts

et chaussées dans une direction générale des ponts et chaussées et des Mines confiée au comte Molé. A la même date, le Petit-Luxembourg était affecté à la résidence du chancelier, président de la Chambre des pairs. Pour installer l'École et ses collections on fit choix de l'hôtel Vendôme, sis rue d'Enfer, 34, dont une partie fut

prise à bail, à cet effet, pour 9 ans, à partir du 14 août 1815; le voisinage du Petit-Luxembourg dut être une des causes déterminantes de ce choix. Collet-Descotils commençait à être atteint de la longue maladie à laquelle il devait succomber, à 42 ans, le 6 dé(*) Vuitry, dans son rapport sur la loi du 12 juillet 1837,

(*) Les élèves rentrés à Paris étaient fort peu nombreux : la dernière promotion, celle de 1813, ne comptait que deux élèves; la promotion précédente n'en avait qu'un qui fût resté français; des cinq élèves de la promotion de 1811, deux quittèrent la France. Aucun élève ne sortit de l'Ecole polytechnique dans les mines en 1814, 1815 et 1816.

estime à 90.000 francs les frais occasionnés par le déménagement de la rue de l'Université au Petit-Luxembourg. Ces frais furent soldés par un prélèvement sur les fonds provenant de Pesey qui restaient disponibles.

Le déménagement des collections fut fait par Tonnelier, qui en avait toujours la garde, aidé par l'ingénieur Clère.