Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 287]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

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Entre les leçons, pendant la période d'enseignement technique, les élèves devaient se réunir pour repasser ensemble, sous la direction de celui d'entre eux faisant fonctions de brigadier, la leçon du professeur et la rédiger. Brochant de Villiers terminait chaque année son cours par des courses géologiques dans les environs.

A la suite de chaque cours le professeur, avant de quitter Pesey, faisait passer l'examen sur son cours et

donnait les notes qui servaient au classement. Après ou entre les cours théoriques les élèves se succédaient alternativement par roulement, à Pesey et à Moutiers, pour les exercices pratiques qui étaient réputés devoir compléter l'enseignement théorique. Pesey, les élèves vivaient avec l'ingénieur qui y remplissait les fonctions de sous-directeur, Beaussier (*) de 1807 à 1811, et Brédif (**) à partir de 1811. Ils devaient visiter journellement les travaux souterrains et les ateliers, s'exercer au lever des plans superficiels et souterrains et à la pratique des travaux, sans négliger l'apprentissage des moindres détails : forage des coups de mines, boisage, lavage, etc., travaux qu'ils devaient exécuter sous la conduite d'ouvriers expérimentés, spécialement choisis (***).

(*) Beaussier, né à Angers en 1'779, mort dans cette ville le 2 mai 1816, élève de l'Ecole polytechnique en 1799, élève des mines en 1802, avait formé avec Guenyvean, le futur professeur de métallurgie à l'Ecole des mines de Paris, la première promotion qui avait dû se rendre directement à Moutiers. Dès la fin de ses études, il fut adjoint comme ingénieur à Schreiber. (**) Brédif, né à Paris le 14 août 1786, est mort le 1"janvier 1818

à Saint-Louis du Sénégal au cours de l'expédition tristement

célèbre par le naufrage de La Méduse; Brédif montra dans cette circonstance un sang-froid et un courage remarqués. A la cession de la Savoie à la France par le traité du 30 mai 1814, Brédif avait été envoyé comme sous-directeur à Geislautern d'où la nouvelle invasion devait à nouveau le chasser. (***) Hassenfratz, dans sa note précitée au comte Laumond, dit que les élèves étaient supposés s'exercer à. tous ces travaux.

NOTICE HISTORIQUE.

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Lorsqu'on commença à travailler à l'érection de la fonderie centrale de Conilans, les élèves y passèrent dans les mêmes conditions, sous la surveillance d'Hérault (*) qui,

à partir de 1808, avait été attaché à cette branche du service de Schreiber comme sous-directeur. A Moutiers, sous l'inspection de l'ingénieur plus spécialement attaché à l'École (**), les élèves devaient se

réunir tous les jours dans le laboratoire et dans la salle de dessin pour faire les analyses, dessins, mémoires et autres travaux prescrits par les professeurs. En réalité, les ingénieurs chargés de surveiller ou mieux

de former les élèves, en fonctionnant en quelque sorte comme des répétiteurs bénévoles, étaient ceux qui, pro-

mus après avoir obtenu dans les examens les notes exigées par le règlement, leurs mediums ("*), n'étaient en-

voyés en service dans les départements qu'après avoir été attachés un an ou deux au service de l'École. On n'avait pas tardé à reconnaître qu'il ne suffisait pas aux élèves, pour se former, de suivre les travaux de Pesey et de Conlians, où ils ne pouvaient en somme étudier que l'exploitation et le traitement du plomb. Ceux d'entre eux, (*) Hérault, né en 1780, mort inspecteur général des mines honoraire en 1848, avait fait partie, avec Héron de Villefosse, de la seconde promotion, sortie de l'Ecole polytechnique en 1799, qui put achever ses études à Paris avant le transfert de l'école à Moutiers.

(**) En réalité, Lefroy fut à peu près le seul, des débuts en 1803 à la fin de 1804, à remplir réellement, avec le titre de sous-

directeur, les fonctions d'inspecteur de l'Ecole, telles qu'il les occupa à Paris à partir de 1816. Après lui, il n'y eut à l'Ecole que des ingénieurs adjoints, pris parmi ceux immédiatement promus. Berthier fut notamment désigné à cet effet et dans ces conditions pendant six mois, de la fin de 1805 au début de 1806, date à laquelle il fut appelé au laboratoire central à Paris. (***) Le medium a été pratiqué à l'Ecole jusqu'en 4853. C'était une note moyenne qui n'était donnée dans chaque matière que

lorsque l'élève était réputé avoir fait preuve de connaissances suffisantes en ladite matière. On continuait à l'étudier tant que le medium, correspondant n'était pas obtenu.