Annales des Mines (1888, série 8, volume 14) [Image 285]

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EXPLOSION DE DEUX CHAUDIÈRES A VAPEUR

Origine. Épreuves. Réparations. La chaudière n° dont le constructeur est inconnu, a été achetée d'occasion et installée en 1867. Son ancienneté était caracté-

risée par des rivures à têtes plates à l'intérieur, et coniques à l'extérieur. Elle avait été fréquemment réparée;

les réparations étaient accusées par l'existence d'un assez grand nombre de rivets à têtes rondes et à têtes fraisées, qui se distinguaient nettement de ceux employés à l'origine. Les réparations les plus récentes remontaient à 1875. La chaudière n° 2 a été construite par le sieur Del)vordre, chaudronnier à la Madeleine-lès-Lille, et a été installée, neuve, en 1875. Elle n'avait subi aucune réparation. Les deux appareils avaient été visités en 'dernier lieu par le service des mines, le 10 juin 1884; ils paraissaient alors en bon état et étaient parfaitement en règle. Ils ont subi tous deux l'épreuve décennale le 15 juillet suivant, Circonstances de l'accident.

Le lundi 16 janvier 1888,

à sept heures dix minutes du matin, une heure environ après le commencement du travail, l'explosion se produisit. Le générateur n° 1 vola en éclats ; quelques tronçons seulement de ses bouilleurs restèrent à peu près cylindriques; les autres morceaux se déformèrent complètement. M. l'ingénieur Soubeiran a retrouvé la plupart de

ses fragments, dont quelques-uns avaient été lancés à plus de 100 mètres ; on en a ramassé trois, qui étaient tombés au delà de la Lys, sur le territoire belge. Le plus grand nombre d'entre eux ont été projetés vers l'avant, vers l'arrière et à gauche de la batterie. En même temps, le générateur n° 2 se divisa en trois parties. Le morceau principal, comprenant le corps cylindrique et le bouilleur de droite, fut projeté vers la droite dans le jardin du sieur Carissimo, à une distance

A COMINES (NORD).

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de 27 mètres (Pl. XIII, fig . 1). La partie antérieure du bouilleur de gauche, lancée vers l'avant, traversa la cuisine ainsi que le salon du rez-de-chaussée de la maison d'habitation, et le complément de ce bouilleur retomba en arrière du massif. Le chauffeur Dauchy, qui était à son poste, fut tué sur le coup. Il en fut de même de trois ouvriers qui travail-

laient dans le séchoir à claire-voie situé au-dessus des chaudières ; leurs corps ont été retrouvés à une assez grande distance.

Le bâtiment des générateurs fut complètement rasé (Pl. XIII, fig . 2 et 3); vers la gauche, le bâtiment de la machine, le magasin y attenant, la cuverie, et un coin de

la blanchisserie furent renversés ; vers la droite, le toit et la façade d'un séchoir contigu à la propriété Carissimo s'effondrèrent. Trois ouvriers furent blessés dans ce séchoir et un quatrième dans la blanchisserie. Enfin, les deux enfants de M. Blanquart, qui se trouvaient dans la cuisine de la maison d'habitation, furent atteints par les débris arrachés sur le passage de la partie antérieure du bouilleur de gauche du générateur n° Constatations faites par l'ingénieur ordinaire .M. l'ingénieur des Mines Soubeiran, qui a procédé avec beau-

coup de soin à l'enquête, est parvenu à reconstituer presque complètement les chaudières détruites. Il n'y a reconnu aucune trace de surchauffe ; leurs rivures n'étaient pas dilatées.

Les tôles du générateur n° 2 étaient propres, ce qui s'explique par le fait que cet appareil avait été nettoyé la veille. Il en était de même des tôles du corps principal de la chaudière n° 1, mais les clouures des bouilleurs de cette chaudière étaient emmarnées : les têtes de leurs rivets étaient en quelque sorte noyées dans les incrustations. De plus, l'une des branches de la fourche d'ali-