Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 185]

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DU CENTRE DE LA FRANCE.

GISEMENTS DE MINERAI DE FER

lesquels nous citerons ceux de Thirria et de M. jacquot. Dans une note déjà ancienne, Levallois a fait un historique intéressant des diverses idées qui ont eu cours suc-

cessivement sur la nature et l'origine des minerais

en

grains. Considérés d'abord comme minerais d'alluvion (ils sont désignés sous ce nom dans la loi de 1810), en raison de leur forme, ils ont été ensuite rattachés aux couches jurassiques, parce qu'ils y paraissaient intercalés ; ce n'est que plus tard, et à une époque relativement très récente, qu'ils ont été reconnus appartenir à l'ère tertiaire, et encore la fixation exacte de leur âge a souvent donné lieu à de nombreuses discussions. Nous nous proposons ici d'ajouter quelques nouveaux faits aux nombreux documents qui existent déjà sur cette matière : l'extension considérable que la formation des minerais en grains possède dans le Berry, le développement que l'exploitation avait encore il y a quelques années, nous ont permis de faire sur ces gisements de nombreuses observations d'ensemble et de détail.

Pour bien fixer leur niveau stratigraphique, nous devrons faire, au préalable, une étude spéciale des couches tertiaires de notre région. Le tertiaire du Berry comprend, de bas en haut 1° Argiles à silex; 2° Argiles avec gisements de minerai de fer en grains et de gypse; 3° Calcaire lacustre; 40 Sables et argiles de la Sologne; 50 Sables et argiles du Bourbonnais. Argiles à silex. On trouve, au-dessus des couches crétacées du nord du département, un terrain formé d'un mélange d'argile et de silex, contenant de nombreux fossiles silicillés de la craie.

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Les silex de ce dépôt se présentent souvent à l'état fragmentaire, avec des arêtes vives et des cassures bien nettes ; mais souvent aussi ils sont entiers et ont con-

servé leur forme noduleuse ou sphéroïdale ; ils ne paraissent donc pas avoir été roulés, ni avoir subi un long

transport, depuis le moment où ils ont été séparés des couches calcaires qui les renfermaient. L'examen de ce terrain ne permet pas d'y distinguer des assises régulièrement superposées : c'est un amas confus d'argiles et de silex. Sur certains points, l'argile dans laquelle ils sont disséminés est blanche et pnre ; sur d'autres points, elle contient des grains de sable quartzeux; par places, ces sables et ces silex, consolidés par des imprégnations de silice, donnent naissance à des grès et à des poudingues à ciment lustré, tout à fait analogues aux ladères du Pays Chartrain, et à ceux des environs de Nemours. Sur d'autres points encore, on trouve des amas d'argile grumeleuse, qui, en se durcissant, passe à des argilolithes plus ou moins caractérisées. M. Potier (Notice explicative de la feuille d'Auxerre) distingue, dans la région à l'est de la Loire :à la base, un conglomérat formé par les silex entiers de la craie engagés dans une gangue argileuse, et un dépdt stratifié de sables et' d'argiles, avec silex crétacés roulés et lits de

silex anguleux brisés, engagés par places dans un ciment lustré. Près de Châtillon-sur-Loing et sur les bords de l'Ouanne, il a observé que ces dépôts ravinent la surface du conglomérat : dans le Berry, sauf aux environs de Chatillon-sur-Indre, nous n'avons pu observer nettement la superposition indiquée par M. Potier. L'argile dans laquelle les silex sont disséminés est généralement d'un blanc jaunâtre très clair, ou même d'un blanc assez pur, sèche, âpre au toucher, et réfractaire. Elle est exploitée sur un grand n'ombre de points, notam