Annales des Mines (1882, série 8, volume 2) [Image 300]

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BULLETIN.

BULLETIN.

antérieure à l'histoire des Incas. Les carrières où toutes ces pierres paraissent avoir été exploitées se trouvent à 75 kilomètres en ligne

tion. Les argiles servaient à faire des briques crues et les ciments.

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droite de la situation actuelle de Tiahuanaco, dans l'isthme qui joint la péninsule Copacabana avec la terre ferme. Dans la carrière on divisait la pierre, en la chauffant, supposet-on, par la combustion de paille, et ensuite par une projection d'eau froide, qui déterminait la rupture en morceaux de toutes

Dans quelques localités on faisait usage d'une pierre calcaire à laquelle on ajoutait une quantité variable d'argile, comme pour fabriquer une sorte de chaux hydraulique. Malgré leur variété et

la grande quantité de bois qu'ils possédaient, les Péruviens en faisaient très peu usage dans les constructions et en limitaient l'emploi aux portes, aux fenêtres et aux toits; ils employaient

dimensions.

aussi des roseaux.

Pour élever les matériaux, on faisait des plans inclinés dont on augmentait la longueur, à mesure que le travail gagnait en hauteur. On employait aussi, à cet effet, des cordes et des câbles

rement communs sur les côtes du Pacifique.

que fabriquaient les Indiens.

Les outils employés par les anciens Péruviens pour la taille des pierres étaient les uns en alliage de cuivre durci, d'autres en pierre très dure. Les premiers avaient la forme de nos ciseaux, c'est-à-dire qu'une des extrémités se terminait en pointe, et l'autre en forme de couteau. Il existe aussi des haches du même alliage de cuivre, dont le bord est arrondi et dont le manche s'introduisait

dans un trou ménagé au travers du métal, de manière à rester perpendiculaire au plan vertical passant par le bord. Quelquesuns de ces instruments sont remarquables par leur dureté. Une analyse de Rivero y a signalé Cuivre

Étain

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C'est sans motif suffisant que la cause de leur dureté a été attribuée à une petite quantité de silicium. Peut-être un martelage contribuait-il à ce résultat. Pour sculpter la pierre et y produire des bas-reliefs, on couvrait avec de la cendre les lignes du dessin qui devait rester en relief; ensuite on chauffait toute la surface. Les parties de la pierre qui étaient soumises immédiatement au feu se décomposaient, et faisaient des creux plus ou moins profonds, tandis que la superficie garantie par la cendre, corps mauvais conducteur de la chaleur, restait intacte. Pour finir son travail, le sculpteur n'avait plus qu'il repasser légèrement avec son ciseau de métal. Le plâtre (pachachi) s'employait de plusieurs façons; quelquefois mélangé à une espèce de bitume très abondant dans quelques régions du Pérou, il formait une pâte qui durcissait rapidement et cimentait très fortement. Le mélange de chaux (iscu) et d'une espèce de bitume servait pour la construction des canaux d'irriga.

De grosses briques crues atteignaient de im à im,50 de long sur o',75 à e" d'épaisseur. Les ouvrages en terre sont particulièDans les constructions ordinaires, en pierre brute ou en briques crues, l'épaisseur des murs ne dépasse pas om,Cto; il en est

toutefois de 7 à 8 mètres, et, dans certains murs d'aqueduc, l'épaisseur a été portée jusqu'à 12 mètres, à cause des tremblements

de terre. Quand les Indiens voulaient faire des murs de grande résistance, n'ayant à leur disposition que de petits matériaux, ils obtenaient de la solidité en en formant deux, trois ou plus les uns derrière les autres. Les mesures employées par les anciens Péruviens étaient une variété de la brasse et ses divisions. Les Aymaraes et les Quechuas appelaient loca la longueur du bras, soit om,6o à o,"65, et vicu la

longueur mesurée entre le pouce et l'index, c'est-à-dire le quart de la loca. Pour la mesure des terrains les Quechuas employaient le titpu, ou superficie carrée de 100 loess de côté. Les Indiens connaissaient la numération décimale aussi parfaite et aussi complète que la nôtre, dit l'auteur, qui, on doit le regretter, n'a pas démontré son assertion.

La publication dont il s'agit a déjà fait connaître beaucoup de faits relatifs à un pays fort remarquable au point de vue de sa constitution géologique et minéralogique. Il présente un intérêt

réel et il mérite d'être encouragé. Il fait honneur à M. Ilabich, géomètre fort distingué, à qui l'on doit la fondation de l'École, qu'il

continue à diriger avec succès, malgré les circonstances exceptionnellement difficiles qui sont la conséquence de la guerre.

(Extrait des Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1885, t. XCVI, p. 600.)