Annales des Mines (1881, série 7, volume 19) [Image 142]

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DE M. DELESSE.

DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DISCOURS DE M. FISCHER, Président de la Société géologique de France, AU NO31 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE.

Messieurs, les membres de la Société géologique de France ont été douloureusement émus en apprenant la mort de leur éminent collègue M. Delesse, qui, depuis 1843, année de sa réception, n'avait cessé de témoigner son attachement à notre Compagnie en l'honorant de ses

communications les plus importantes. Successivement secrétaire, vice-président, et président .en i 862, M. Delesse avait su conquérir, dans ces différentes

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sous-marines qui se poursuivent sur divers points du globe, vont apporter de nouveaux matériaux à l'oeuvre primitive de notre regretté collègue. La confection des tartes agronomiques et l'examen des sols arables dans leurs rapports avec la constitution géologique des terrains sous-jacents ont été les derniers travaux

de Delesse, ceux dont il s'occupait avec le plus d'ardeur. Son but a été, ce me semble, de chercher sans cesse de nou-

velles applications à la géologie et d'agrandir le rôle de notre science en mettant en lumière les services qu'elle peut rendre non seulement à l'agriculture, mais aussi à l'économie domestique, à l'industrie publique ou privée. C'est dans cet ordre d'idées qu'il s'engagea, lors de la publication de ses cartes hydrologiques et géologiques

fonctions, l'estime que méritaient son savoir et son inaltérable bienveillance. Les discours que vous venez d'entendre vous ont fait connaître la carrière brillante de l'ingénieur des mines et

souterraines de la ville de Paris.

du professeur. Qu'il me soit permis maintenant d'apprécier,

Dans ce recueil les questions les plus importantes de la stratigraphie, de la géogénie, de la pétrographie, sont présentées avec l'impartialité la plus complète et une éru-

en peu de mots, la part que le géologue a prise au mouvement scientifique de ces trente dernières années. Au début, Delesse est porté vers l'étude des roches ; il nous fait connaître par ses analyses plusieurs espèces rares ou insuffisamment observées : mais il ne s'attarde pas dans

cette spécialité, et bientôt un champ plus vaste s'ouvre à ses investigations, celui de la géologie générale. C'est alors qu'il publie ses recherches sur les roches globuleuses, sur l'action de la chaleur et des alcalis, sur le métamorphisme, sur la présence de l'azote et des matières organiques dans l'écorce terrestre. Puis il aborde, pour la première fois en

France, l'étude si intéressante du fond des rivages et des mers. A l'aide d'innombrables analyses, il peut dresser les caractères minéralogiques des roches qui rentrent dans sa composition. Dès lors cette branche de la géologie est constituée, et, sans nui doute, les grandes explorations

Enfin, il n'est pas un géologue qui n'ait consulté avec fruit l'utile Revue de géologie, dont il inaugura la publication avec M. Laugel et qu'il continua avec M. de Lapparent.

dition consommée.

Cette nomenclature bien rapide donne une faible idée de la laborieuse carrière de Del esse. A ces travaux scientifiques multipliés s'ajoutaient encore les fatigues inséparables de sa haute position dans le Corps des mines et du professorat à l'École des mines, à l'École normale supérieure et à l'Institut agronomique. Le fardeau devenait trop lourd pour notre cher collègue, cruellement éprouvé d'ailleurs dans ses affections les plus intimes par la perte prématurée de deux filles qu'il adorait : il succomba à la peine Mais les qualités de son esprit et de son coeur laisseront, parmi

ceux qui l'ont connu et apprécié comme nous, les plus durables souvenirs.