Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 110]

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ÉTUDE DES MOYENS PROPRES A PRÉVENIR

manière de voir d'un certain nombre d'ingénieurs (t) qui inclinent à le considérer comme le produit de la dissociation

au dernier moment de composés liquides ou même solides très volatils qui seraient contenus dans la houille. Cette hypothèse ne s'appuie pas jusqu'ici sur des faits chi-

LES EXPLOSIONS DU GRISOU:.

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serve de plus en plus fréquemment dans le couchant de Mons tendraient surtout à corroborer cette hypothèse. Ces

phénomènes extraordinaires, déjà signalés par M. Devaux (1) ont été décrits avec le plus grand soin par M. G. Ar-

miques scientifiquement constatés dans le laboratoire. Tou-

noult (2). On les trouve toujours en relation avec la présence dans le gîte d'une variété de combustible que l'on

tefois, M. G. Arnould, ingénieur principal du corps des

nomme en Belgique houille daloïde. Cette substance noire,

mines de Belgique, cite à l'appui de cette opinion les observations suivantes (2). En premier lieu : les cas de solubilité du grisou dans l'eau

bons gras perdent également assez vite leur propriété

fibreuse et pulvérulente, appelée fusain à Saint-Étienne, n'est autre que du charbon de bois ayant conservé sa structure et appartenant, soit à des fougères arborescentes, soit à des sigillaires ou à des cordaïtes. Dans la houille grasse la masse est souvent divisée par un assez grand nombre de mises de charbon daloïde ; elle donne alors plus de poussière et de menu. Ces accidents, inconnus avant 1847, même quand on remonte par les documents administratifs jusqu'à 1818, deviennent plus fréquents d'année en année, et paraissent croître d'importance avec la profondeur. On n'en a observé aucun au-dessus de 280 mètres. Le plus grand nombre s'est produit entre 55o et 5 oo mètres, mais il ne faut sans doute pas voir là un véritable maximum, car le nombre des exploitations diminue ensuite rapidement, quand on envisage des profondeurs plus grandes. L'explosion a toujours été accompagnée de la projection d'une grande quantité de charbon menu. Ce dernier encombrait parfois les galeries sur 4o mètres de longueur

agglutinante par l'exposition à l'air. Les redoutables dégagements instantanés que l'on oh-

cubes. Quelquefois la durée du dégagement, au lieu d'être

dont il a été question ci-dessus et qui paraissent incompatibles avec les propriétés du gaz des marais. En outre, la présence de certains hydrocarbures dans les cellules de la houille a été démontrée par MM. Johnston et Hutton (5).

Franz Schulze y a trouvé une grande quantité d'une matière brunâtre qui empêchait de prime abord de reconnaître la structure du minéral (4). Dans les rognons de sidérose, outre la hatchettine que parfois on y rencontre, on remarque assez souvent dans la cavité centrale une huile très volatile qui, au contact du feu, donne lieu à une grande flamme (5). On observe quelquefois dans les mines

très grisouteuses que le charbon présente au moment de l'abatage un aspect gras et luisant qu'il perd presqu'aussitôt. Les houilles grisouteuses et particulièrement les char-

et on a vu son volume atteindre jusqu'à 420 mètres instantanée, devient plus appréciable. Assez souvent le phénomène s'est accompagné d'un refroidissement intense

(i) Par exemple, M. Philippe COOPER, en 1868 (Dombre, le Grisou, page 13).

G. ARNOULD : Étude sur les dégagements instantanés du grisou. Bruxelles, 1879, page 7. London and Edimburg Philosophical Magazine, 1835. (II) Montusberichte der Berliner Akaclemie, 1855. (5) Notice de M. Chandelon (Bulletin de l'Académie royale de Belgique, tome v, n° Io).

(i) Revue universelle des mines et des usines de Cuyper, tome IX. (2) G. ARNOULT : Étude sur les dégagements instantanés de grisou

dans les mines de houille du bassin belge (Bruxelles, 1879). Dès 1863, cet habile ingénieur avait mis en avant l'hypothèse qui nous occupe. (CORNET :

Bulletin de l'Académie royale de Belgique,

2e série, tome XLVII, mai 1879)