Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 303]

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ACCIDENT 1)5 FRAMERIES (BELGIQUE).

ACCIDENT DE FRAMERIES ( BELGIQUE ).

de taille, doivent être difficiles à déceler par un sondage. Il semble que l'hypothèse émise par M. Arnould rencontre une difficulté dans la grande quantité de chaleur qu'il serait nécessaire de fournir au grisou liquide pour le gazéifier presque instantanément, du moins s'il est comparable, au point de vue thermique, au plus grand nombre de nos liquides. Mais M. Arnould doit développer son hypothèse et la justifier dans un mémoire spécial. Il faut attendre la publication de ce travail (et il faut espérer qu'elle

S'il est impossible de s'opposer à ces dégagements subits, s'il paraît même impossible de les prévoir, on peut en con-

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sera prochaine ) pour discuter la conjecture du savant ingénieur belge. Quoi qu'il en soit, il est à remarquer que, dans tous les accidents de ce genre, le dégagement du grisou est constamment accompagné de la projection d'une masse considérable de charbon menu et dans un état de division tout particulier. Une explication complète du phénomène ne saurait laisser en dehors une circonstance aussi constante et aussi singulière. Si maintenant, laissant de côté la théorie du phénomène, nous cherchons à tirer des faits précédents, quelques conclusions pratiques, nous sommes conduits à formuler celles qui suivent. Les dégagements instantanés de grisou paraissent jusqu'à présent inconnus dans les mines de houille françaises; en Belgique, ils se rencontrent à peu près exclusivement dans la province du Hainaut. Cependant il n'est pas permis d'affirmer avec certitude qu'on ne rencontrera jamais dans les bassins houillers de notre pays, et particulièrement dans le bassin du Nord, des accumulations de gaz analogues à celle qui a causé le dernier accident de l'Agrappe.

Les accumulations de gaz qui produisent les dégagements subits paraissent ne se rencontrer qu'à des profondeurs supérieures à 3o o mètres. A mesure que la profondeur

devient plus grande, la fréquence et l'importance de ces dégagements s'accroissent en même temps.

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jurer les dangers par des mesures de précaution, parmi lesquelles les suivantes semblent découler tout naturellement de l'exposé qui précède 10 Emploi exclusif, dans la mine, de lampes IVlueseler.

Sous ce rapport l'accident de l'Agrappe est particulièrement instructif. Le grisou a envahi tous les travaux en quelques instants, il s'est même dégagé avec violence, et nulle part, dans toute l'étendue des galeries, le feu n'a été communiqué au grisou. On peut affirmer qu'il n'en eût pas été de même avec une lampe à simple toile métallique.

20 Interdiction absolue, dans l'intérieur de la mine et même au jour, de lampes à feu nu. 3° Les foyers de chauffage et autres établis au jour devront être garnis de toiles métalliques. 40 Les puits déboucheront au jour en plein air, et aucune construction de quelque importance ne devra les recouvrir,

ni surtout en recouvrir plusieurs à la fois. C'est là une prescription essentielle, et l'accident de l'Agrappe montre à quels dangers on est exposé lorsque les orifices de tous les puits sont placés sous le même bâtiment. Cette dispo-

sition vicieuse doit d'ailleurs être proscrite dans toutes les mines, car il peut toujours survenir un incendie qui, alors, s'opposant à l'accès des travaux pendant un temps plus ou moins long et suspendant l'aérage, expose les ouvriers aux plus grands dangers. Avant de terminer, nous nous demanderons si les dégagements instantanés du Hainaut n'ont rien à apprendre

aux mineurs de notre pays. Sans doute, comme nous l'avons dit plus haut., on n'a point constaté chez nous de semblables phénomènes, au moins sur une échelle compa-

rable à celle qu'ils atteignent chez nos voisins belges. Mais ne peut-on point se demander s'il ne se produit pas dans toutes les mines des phénomènes analogues, demeurés