Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 302]

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ACCIDENT DE FRAMERIES (BELGIQUE).

ACCIDENT DE FRAMERIES (BELGIQUE).

dinairernent annoncée par un bruit sourd, ou par un coup de tonnerre, et accompagnée par l'éboulement du front de, taille et la projection dans les galeries d'une quantité considérable de charbon à un état extrêmement divisé. Les sondages qui précèdent le front de taille et ont pour but de saigner les couches, ne donnent en général que peu de gaz dans les jours qui précèdent l'accident. Sauf pour deux cas, l'irruption subite du grisou s'est produite en des points où les couches ont été violemment déformées postérieurement à leur dépôt, et presque toujours dans les dressants, sur le crochon qu'ils forment avec la plateur de tête. Dans quelques cas on trouve, après l'accident, à l'endroit où s'est fait le dégagement, une cavité plus ou moins

et par conséquent un volume considérable, tout en ayant de faibles dimensions transversales. En se reportant à l'im-

considérable. Le phénomène qui vient d'ajouter un si lugubre chapitre à l'histoire >des mines de houille du Hainaut donne lieu à

des considérations multiples. Les unes se rattachent aux théories géogéniques et ont en vue la cause même du phénomène; les autres, d'un ordre plus pratique, ont pour objet les moyens de conjurer à l'avenir, autant que pos-

sible, le retour de catastrophes semblables à celles du 17 avril dernier. Il n'est point aisé de comprendre l'accumulation, en un point de terrain houiller, d'une quantité de gaz assez considérable pour alimenter pendant plusieurs heures un dégagement aussi gigantesque que celui que l'on a observé au puits de l'Agrappe : 5oo. 000 mètres cubes de gaz, même fortement comprimés, tiennent encore beaucoup de place,

et il ne semble pas tout d'abord que, dans les accidents antérieurs, on ait trouvé, en rentrant dans les travaux, des cavités en rapport avec la quantité de gaz dégagé et avec la quantité de houille menue projetée dans les galeries. Cependant il faut remarquer que les cavités dans lesquelles

le gaz est accumulé peuvent avoir une grande étendue,

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portante observation faite par M. de Vaux, que c'est surtout

sur le crochon que se produisent les dégagements subits, on peut conjecturer que le réservoir dans lequel le gaz est comprimé peut former une sorte de canal ayant une grande étendue tout le long dut crochon. La compression à laquelle le gaz est soumis dans ces réservoirs expliquerait la rapidité avec laquelle il se dégage, la détonation qui annonce

ce dégagement et la projection de charbon qui l'accompagne. Quant à l'origine du gaz, il est très-vraisemblable qu'elle est la même que celle du grisou que l'on trouve imprégnant la houille .elle-même dans toute sa masse. On peut la cher-

cher, soit dans la décomposition des matières végétales enfouies, si l'on considère la houille comme un produit d'origine exclusivement organique, soit dans le dégagement, de l'intérieur de la terre, de gaz carburés, si l'on considère la houille comme un produit dû à la. fois et à l'accumulation de végétaux, et à l'arrivée au jour de produits carbonés analogues à ceux que rejettent les volcans,.

et qui forment en Amérique les sources de pétrole. Il semble cependant. que l'accumulation de quantités de grisou

aussi considérables, sur un point donné, s'accorde mieux avec la seconde hypothèse. qu'avec la première. M. Arnould, actuellement ingénieur principal à Mons, a émis en 1865 l'idée que le grisou qui se dégage subitement existe dans le terrain houiller à l'état liquide. Avec cette hypothèse., on n'aurait pas besoin de recourir à des cavités aussi gigantesques pour y accumuler le gaz qui se dégage dans un temps très-court ; on expliquerait en même temps très-aisément l'inefficacité du sondage pour découvrir ces réservoirs, quoique d'ailleurs, même en supposant le grison à l'état gazeux, des réservoirs très-irréguliers, et dont le volume principal peut se trouver fort loin du front l'oruE XV, 1879.

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