Explication de la carte géologique du département du Tarn par M. de Boucheporn, ingénieur des mines.- Paris : Imprimerie nationale, 1848. 114 p., 22 cm. [Image 24]

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xxv -que la série des terrains nous présente ; tandis qu'il y a tout lieu de penser que la plupart des grandes accumulations de grès, qui, comme le grès houiller, ne renferment aucun produit de la mer, sont des dépôts uniquement fluviatiles, formés sur le continent par l' exhaussement continu ou intermittent du lit des fleuves . A l' aide de la longue série des siècles, de vastes et profondes vallées ont été ainsi successivement comblées, et peu à peu la mer aussi est envahie par une terre ferme qui se forme et s'avance progressivement à l' embouchure du fleuve, où la vitesse est en définitive le plus complétement atténuée. Déplacement des fleuves . — Origine de la division des terrains en couches de nature diverse.

Mais il se passe dans cette marche des fleuves un phénomène extrêmement digne de remarque, auquel on n 'avait peut-être pas encore donné toute l'attention qu'il mérite : je veux parler de leurs déplacements. A mesure en effet que leur lit s'élève, ce qui a lieu surtout au voisinage de l 'embouchure , la pente diminue en proportion, le passage devient progressivement plus difficile et finit par s'obstruer tout à fait . Il faut alors que le fleuve se forme un nouveau lit, et le plus souvent il le fait en se déplaçant, soit en totalité, soit par branches : il n' est pas de grand fleuve dont on ne montre aujourd'hui des anciens lits maintenant abandonnés . Ces déplacements, opérés sous nos yeux, se comptent par siècles ou par dixaines de siècles : dans la longue durée d'un seul âge géologique, ils ont dû se reproduire un grand nombre de fois . Or c'est là, selon nous, l ' origine de la division des terrains en couches de nature diverse . Avec cette explication si simple, si conforme à la nature des choses, on n'a besoin de faire intervenir, dans le cours d' une même formation, ni des mouvements (lu sol, ni des mouvements de la nier, dont nous ne connaissons point d'analogues aujourd'hui ; par le déplacement de l 'embouchure des fleuves on comprendra parfaitement