Annales des Mines (1854, série 5, volume 5) [Image 220]

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VÉRIFICATION DE QUELQUES ENGRAIS-

ils sont généralement en poudre assez fine de couleur grise utt gris verdâtre. Le n° 15 seul est én masse' compacte, mais de même couleur que les autres échantillons (a) et il développe comme ces derniers une odeur fétide et nauséabonde. Je l'ai indiqué par a parce qu'il diffère un peu par sa composition de ceux de la même catégorie qui, ramenés à renfermer la même quantité d'eau, sont comme on peut s'en assurer, pour ainsi dire identiques. La plupart de ces engrais proviennent de résidus de fonderies de suif ou ne sont autres que du sang mélangé à du plâtre ou à des schistes. On sait que les fabricants de chandelles purifient le suif brut au moyen de l'acide sulfurique qui dissout les tissus membraneux incorporés à la graisse. Les résidus qui servent de base à l'engrais renferment donc un excès d'acide qui réagit sur les os dont ces résidus sont mélangés en

donnant lieu à du sulfate de chaux et à un phosphate acide soluble dans l'eau. Les autres engrais (a) sont fabriqués avec le sang des animaux que l'on chauffe préalablement à la température de l'eau bouillante. La partie coagulée qui surnage renferme l'albumine, la fibrine et les globules du sang. On l'enlève avec une large écumoire, on la mélange avec une certaine quantité de plâtre ( trois fois son poids au moins ) et on dessèche le tout au moyen d'un courant d'air chaud. L'engrais renferme ainsi tous les principes azotés du sang ; mais il est privé des sels minéraux qui restent dans le liquide avec de la graisse en suspension. Le sang ne renferme d'ailleurs que très-

peu de sels dont la proportion n'excède pas I p. 100 de son poids. Il n'est pas étonnant d'après cela, que les engrais (a) ne contiennent pas d'acide phosphorique (.1). Mais on y trouve beaucoup de sulfate de chaux, et comme ce sel ne se dissout

que dans 500 parties d'eau, le lavage des cendres exige un assez long temps. II se précipite lorsqu'on concentre la liqueur ou qu'on y ajoute de falcool. Les mêmes cendres renferment aussi de l'acide muriatique, mais en quantité beaucoup moins considérable que l'acide sulfurique. J'y ai constaté aussi la présence des alkalis, de la magnésie, de l'alumine, des oxydes de fer et .de manganèse, de la silice et de l'acide carbonique.

(i) Le n" 17 seul fait exception. Encore cet acide n'y entret-il qu'en très-petite quantité.

427 Les poluirettes contrairement aux engrais (a) présentent des différences très-marquées. Elles sont indiquées par les lettres (b, c, d, e, f). La poudrette (b) renfermes comme nous l'avons dit, une forte proportion de charbon de bois. L échantillon (e) peut être considéré comme de la matière fécale pure. Ceux désignés par les lettres (c) et (d) sont d'un brun plus ou moins foncé qui rappelle la couleur de la tourbe et du terreau. Enfin, les poudrettes (f) sont en grumeaux de couleur grise qui caVÉRIFICATION DE QUELQUES ENGRAIS.

ractérisent les produits des voiries de Montfaucon et de Bondy.

Tous ces engrais contiennent les mêmes éléments que les engrais (a), plus de l'acide phosphorique en quantité plus ou moins notable; mais je n'y ai trouvé que des traces d'acide mu-

riatique. Les solutions aqueuses provenant du traitement des cendres par l'eau, renfermaient une certaine quantité de chaux caustique due à une décomposition partielle du calcaire existant dans les engrais. En effet, ces liqueurs se sont troublées au bout de quelque temps par suite de l'absorption de l'acide carbonique de l'air et ont laissé déposer une poudre cristalline de carbonate de chaux. Elles donnaient d'abord avec le nitrate d'argent un précipité d'oxyde d'argent soluble dans l'acide nitrique, lequel a cessé de se produire après le dépôt de la chaux à l'état de carbonate. J'ai reconnu l'existence de l'acide phosphorique dans les liqueurs acides au moyen de l'acétate de soude et du chlorure de fer, réactifs qui donnent lieu à du phosphate de fer insoluble dans l'acide acétique. Le précipité qui se forme alors est floconneux et d'un blanc jaunâtre. Comme toutes les liqueurs renfermaient une petite quantité de fer, l'acétate de soude seul a suffi pour déterminer le précipité dont le volume était susceptible d'augmenter par l'addition de quelques gouttes ferriques (i). L'acide phosphorique jouant un rôle important dans (1) Il est facile de s'assurer que lorsqu'une liqueur renferme de l'acide phosphorique et très-peu de fer, l'acétate de soude produit toujours un précipité qui cesse d'avoir lieu quand le fer se trouve en assez grand excès par rapport à l'acide phosphorique. Dans ce second cas, l'acétate alkalin colore la solution en rouge foncé, et celle-ci soumise à l'ébullition laisse déposer du peroxyde de fer qui entraîne avec lui l'acide phosphorique. Il