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Les débuts du laboratoire des essais à l'hôtel de Mouchy (1795-1814)

La création du laboratoire des essais

La création d'un laboratoire au sein de l'École des mines de Paris est officialisée par le décret du 18 messidor an II (6 juillet 1794) en ces termes : « il y aura dans la Maison destinée à la conférence des mines (…) un laboratoire pour les essais ». 

Les installations sont aménagées dans l'aile ouest du bâtiment de l'hôtel de Mouchy, au rez-de-chaussée, autour de la cour la plus à l'ouest. Cette cour est dénommée la "cour des fourneaux" ou la "cour des laboratoires". La proximité des caves permet de stocker instruments et produits chimiques.

Rapidement, le laboratoire est doté d'un bon matériel d'expérimentation : on installe un fourneau à trois vents très puissant, permettant de réaliser des opérations de distillation et de fusion. Le conseil de l'Ecole investit des sommes importantes pour assurer le bon fonctionnement du laboratoire. Son activité démarre officiellement le 22 nivôse an III (5 janvier 1795), soit deux mois après le début des cours de la Maison d'instruction.

 

Un lieu unique : de la recherche...

La responsabilité du laboratoire est confiée à Nicolas Vauquelin, pharmacien et chimiste de renom, nommé Inspecteur des mines le 15 vendémiaire an III (6 octobre 1794). Il porte le titre de conservateur des produits chimiques et est chargé des essais. Tout en réalisant des analyses pour le compte du Conseil, Vauquelin mène ses propres recherches au sein du laboratoire, notamment sur la composition des pierres précieuses comme la topaze, l'aigue-marine ou l'émeraude.  

Peu à peu, d'autres chimistes viennent travailler au laboratoire des essais. A partir du 22 fructidor an IV (22 septembre 1796) jusqu'au 24 messidor an VII (12 juillet 1799), les analyses sont signées de la main de B.M. Tassaert, collaborateur des Annales de chimie et traducteur d'articles allemands. Il est le premier à analyser le fer chromaté et à montrer que "ce minéral est une combinaison d'acide chromique et d'oxide de fer" (cf. Journal des mines , vol 10, n°55, p. 521). Ensuite, le registre d'essais est tenu par le chimiste Darracq, jusqu'en mars 1801. Celui-ci se présente d'ailleurs comme élève et aide du citoyen Vauquelin , à l'école des mines (Annales de Chimie, t.4, 30 vendémaire an X, p. 52). Il effectue notamment des recherches sur les acides acétiques et cobaltiques. 

De même, le laboratoire accueille des chercheurs "extérieurs" : le 22 germinal an 6, le citoyen Clouet — il s'agit très probablement de Jean-François Clouet * , a fait dans le laboratoire de l'école des mines de l'acier fondu. Il s'agit véritabelement d'un lieu d'expérimentation au croisement de tous les savoirs, minéralogie, métallurgie et chimie. Le compte-rendu des expériences qui y sont menées est régulièrement publié dans le Journal des mines. Isabelle Laboulais, qui étudié cette genèse du laboratoire montre qu'il bénéficie déjà d'une grande renommée scientifique. 

 

* : À distinguer d'après R. Taton de l'abbé Pierre-Romain Clouet, bibliothècaire à l'École des mines et de Jean-Baptiste Paul Antoine Clouet, régisseur des Poudres et Salpêtres. Cf l'article de R. Taton.

...et de la pratique de la docimasie.

Le laboratoire des essais est également un lieu d'instruction. Nicolas Vauquelin enseigne la docimasie aux élèves de l'Ecole des mines de Paris. Cette discipline nouvelle consiste en l'étude et l'analyse de la composition des substances minérales. Elle comprend des cours théoriques et des démonstrations pratiques. Un arrêt particulier entériné par le Conseil des mines daté du 18 septembre 1796 reconnaît le droit « pour les élèves des mines de se former à la pratique des analyses ». Le conseil tente même d'instaurer un cadre précis sensé réglementer ces exercices.

Le programme initial prévoit des analyses d'échantillons « par la voie sèche et la voie humide » pendant deux matinées de chaque décade. Les six élèves sont répartis en deux « brigades » de trois élèves. Les brigades analysent plusieurs échantillons, qui sont fournis en double exemplaire car chacune des équipes traite un échantillon du même minéral, mais pas en même temps. Le résultat de ce travail est rapporté au Conseil des mines, jugé et corrigé par le professeur Vauquelin.

 

Le départ de Vauquelin

Vauquelin supervise sa dernière analyse le 22 ventôse an IX, soit le 13 mars 1801. Le laboratoire connait une brève période d'inactivité qui correspond à la transition entre son départ et la nomination d'Hippolyte Victor Collet-Descotils, son successeur, effective à la fin du mois d'août 1801.  

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