Lettre de Collomb adressant à Elie de Beaumont les réflexions que lui ont suggérées la lecture des Leçons de géologie pratique de Beaumont, sur les lagunes, les cordons littoraux et les moraines [Image 1]

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Wisserling le 26 avril 1846 (87)

Monsieur, Permettez-moi Monsieur de venir vous soumettre quelques réflexions, quelques rapprochements, qu'à fait naitre chez moi la lecture de vos excellentes leçons de géologie pratique que j'ai reçues il y a quelques temps. Ces rapprochements sont relatifs aux lagunes et aux cordons littoraux, qui ont selon moi une analogie frappante avec les marais, les lacs et les moraines des terrains erratiques. Les morraines correspondent aux levées de sable et de galets que la mer rejette incessamment sur ses bords. Les marais et les lacs correspondent aux lagunes produites par l'accumulation des eaux des rivières derrière le cordon littoral. Ces deux propositions peuvent se démontrer par de nombreux exemples. Ainsi dans le nord de l'Italie, en Suisse, en Norvège et en Suède, la plupart des auteurs sont d'accord pour attribuer la formation d'un grand nombre de lacs à la présence des moraines qui par leur disposition naturelle à barrer les vallées transversalement, retiennent les eaux supérieures et donnent lieu à l'existence d'un lac. Dans les Vosges le même phénomène se rencontrent à chaque pas sur une petite échelle. Les lacs de Gérardmeer de Longemeer, de Fondromé doivent leur existence à des moraines (MM Le Blanc et Hugard). Dans les localités où les lacs n'existent plus, parce que les coupures pratiques dans les moraines soit par la main des hommes, soit par la force des courants naturels, ont déterminé l'écoulement de la masse liquide toute entière, il reste toujours en amont de la moraine des traces suffisantes pour qu'on puisse y reconnaitre un long séjour des eaux tranquille. On peut en voir des exemples dans la vallée de Géromagny, dans celle de Massevaux, dans celle de St Amarin. La moraine frontale de la vallée d'Urbès a donné lieu a un petit lac qui change d'aspect suivant les différentes saisons de l'année. En hiver aux époques de grandes eaux, le lac se remplit, il arrive presque au niveau de la route royale n°66 qui longe les bords. En été il est transformé en prairies