Annales des Mines (1913, série 11, volume 4) [Image 80]

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NOTICE

NÉCROLOGIQUE

SUR Mi

HENRI

JACOB

Après quelques découvertes heureuses faites au lendemain presque de notre occupation, la recherche des mines s'était vite ralentie dans la colonie. Le succès obtenu, en Tunisie, dans l'exploration de certains amas métallifères, ranima vers 1892 l'ardeur des prospecteurs. La rapide mise en exploitation des couches phosphatées de Tébessa agit de même façon. Le département de Constantine fut alors parcouru dans tous les sens ; les affleurements de nombreux gîtes minéraux furent signalés et des fouilles ouvertes un peu partout ; des bénéfices considérables se trouvèrent parfois promptement réalisés. A partir de ce moment de multiples et délicates questions se posèrent, que notre service eut à examiner. La grande étendue des terres domaniales, communales et collectives de culture a souvent obligé l'administration à jouer, vis-à-vis du chercheur de mines, le rôle du propriétaire du sol et, fréquemment, elle s'est trouvée en présence de compétitions ardentes. L'indivision de la propriété indigène a fait naître des difficultés d'un autre genre, et des problèmes non moins complexes ont surgi à l'occasion de la mise en valeur d'importants gîtes minéraux. Enfin, le merveilleux essor de la colonie a imposé le développement de ses voies ferrées et conduit à la transformation partielle du régime des chemins de fer existants. En qualité de chef de notre service ou dans les conseils du gouvernement, M. Jacob a activement et efficacement collaboré à l'étude de toutes ces questions importantes ; à la tâche de les résoudre ont été entièrement vouées les quinze dernières années de sa vie et, devant les difficultés toujours renaissantes, il n'a cessé de montrer d'exceptionnelles qualités d'esprit et de caractère. Son intelligence était faite de clarté : il savait mieux que personne dégager, d'un amas confus de faits ou de dires, le principal de l'accessoire et découvrir le véritable

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aspect d'un problème compliqué ; tout naturellement il trouvait les solutions les plus simples. Sa parfaite droiture et son entière franchise sont bien connues de ceux qui l'ont approché : elles l'ont imposé au respect de tous, même de ceux dont les intérêts ont pu être lésés parles décisions qu'il a provoquées. Appréciant, d'ailleurs, l'étendue des services rendus par M. Jacob, M. le gouverneur général avait suscité et obtenu de M. le Ministre des Travaux publics et des assemblées algériennes la création, dans la colonie, d'un poste d'inspecteur général, qu'il n'a malheureusement occupé que peu de temps. Il me reste à dire ce qu'il a été pour nous, ses subordonnés : il fut toujours le chef devant qui on n'a que plaisir à s'incliner; dans l'accomplissement de notre tâche parfois difficile, il était le guide sûr et, sans crainte de le lasser, nous pouvions avoir recours aux ressources de son esprit lumineux et de son expérience ; chacun avait confiance en son inébranlable équité ; enfin ceux qui ont vécu à côté de lui savent quelle véritable bonté il manifestait toujours et à tous. Par ses belles qualités, par son grand labeur et par ses services, M. Jacob a honoré le corps des mines;. son souvenir vivra longtemps dans la mémoire de ceux dont il a été le chef bienveillant et qui auront à cœur d'imiter les exemples qu'il a laissés.

Tome IV, 1913.

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