Annales des Mines (1902, série 10, volume 2) [Image 181]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

35i

REVUE DE LA

CONSTRUCTION

DES MACHINES

Difficultés générales des essais. — Une difficulté fondamentale de la question des essais provient de ce que les propriétés que doivent posséder les matériaux de construction sont en général mal définies. Dans certains cas, on peut avoir à vérifier une propriété physique précise, telle que la densité ou la conductibilité électrique; mais, le plus souvent, on ne sait pas définir nettement, et ramener à des grandeurs physiques, susceptibles de mesure, les qualités qu'on demande aux matières employées dans les constructions. Dans un mémoire sur les méthodes d'essai des pièces d'acier, publié en avril 1902 dans le Mémorial du Génie maritime, M. E. Simonot fait remarquer que la plupart des essais usités en pratique ne font que vérifier l'analogie des métaux présentés en recette avec des métaux éprouvés par un long usage. On comprend donc que des méthodes très variées puissent donner des indications utiles pour cette comparaison, et qu'il soit difficile, en l'état actuel de la question, de se limiter à un très petit nombre de procédés fondamentaux. On voit aussi quelle est l'importance, au point de vue de cette comparaison, de la connaissance, pour celui qui veut employer un métal, des matières premières et, des procédés employés pour le fabriquer. Si on possédait des méthodes d'essai vraiment sûres et suffisantes, il est clair que toute prescription relative à l'emploi ou au rejet de certains minerais et de certains traitements devrait disparaître dos cahiers des charges ; si le métal présenté possède bien les qualités demandées, peu importe comment il a été obtenu. C'est l'incertitude sur les propriétés à demander aux produits, et sur les essais promettant de vérifier ces propriétés, qui seule justifie les prescriptions relatives à la fabrication. Mais, comme ces prescriptions sont évidemment un obstacle sérieux aux progrès et à l'économie de la production, il convient de les limiter autant que possible, par exemple aux cas ou des qualités tout

EN

L'AN

1900

355

à fait exceptionnelles sont indispensables. On peutd'ailleurs constater une tendance à supprimer ou à beaucoup restreindre dans la plupart des cahiers des charges ces clauses prescrivant ou interdisant l'emploi de certaines matières et de certains procédés. Essais de traction. — En ce qui concerne l'essai des métaux, et spécialement des profilés et des tôles en acier et en fer, on se préoccupe de substituer aux essais de traction des méthodes plus simples etplus efficaces. L'essai de traction entraine la préparation d'éprouvettes coûteuses, pour lesquelles il faut disposer d'une quantité de métal assez grande , et il se fait à l'aide de machines encombrantes et d'un prix élevé. Cet essai fournit la charge de rupture par millimètre carré (c'est-à-dire le quotient de l'effort maximum supporté par l'éprouvette par la section primitive) et l'allongement proportionnel après rupture. On peut compléter ces résultats par la mesure approximative de la limite d'élasticité et par la détermination de l'importance de la striction. Les différentes indications utiles se lisent d'ailleurs sur le diagramme qui enregistre les circonstances de l'essai, diagramme où la charge est portée en ordonnées et l'allongement en abscisses ; maison ne se sert pas des enregistreurs, sur les machines d'essai à la traction, aussi généralement qu'il conviendrait. Sur les machines à romaine, d'ailleurs, qui sont les plus répandues, l'installation d'un bon enregistreur est assez délicate. Outre son prix élevé et sa complication, on reproche parfois à l'essai de traction de ne pas toujours donner des résultats très sûrs. On admet ordinairement que la connaissance de la charge de rupture, et surtout de la limite d'élasticité, permet de calculer la charge que le métal peut porter en toute sécurité, ce qui semble assez rationnel; mais on admet, en outre, que les grands allongements