Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 188]

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L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE 368 ment dite ne peut s'établir à des époques aussi anciennes.

La fabrication de la - fonte et du fer au charbon de bois est depuis longtemps développée en France, en Champagne, dans le Berry, en Franche-Comté, dans- l'Ariège, et on ne trouve dans la Loire aucune trace de cette industrie. Il faut remonter jusqu'à l'introduction en France des procédés anglais à la houille -pour que se créent dans la région de véritables usines. métallurgiques; à l'inverse de ce qui a lieu dans la plupart des- centres métallurgiques, l'industrie du fer ne débute pas par le traitement direct des minerais au bas-foyer ; elle applique, dès son origine, les procédés déjà perfectionnés n'exigeant que l'emploi de la houille.

Aussitôt qu'elle est introduite dans la Loire, on comprend d'ailleurs que la métallurgie proprement dite puisse se développer si rapidement. Il y a là 'Mie population

habile à manier le fer et admirablement préparée pour toutes les opérations que Va exiger la fabrication du fer et de l'acier.

PÉRIODE DE 1815 A 1840.

James Jackson à Trablaine. Depuis longtemps déjà les manufactures d'armes ont essayé d'employer exclusi-

vement les aciers français dans leur fabrication ; mais les produits qu'elles obtiennent sont irréguliers ; il en résulte à l'encontre des forges françaises un certain discrédit qui fait préférer les aciers de Styrie, d'Angleterre, .d'Al-

lemagne. On reconnaît cependant, dès 1812, que l'acier brut français, .en particulier celui qu'expédient les forges de l'Isère, celles du Nivernais et les bas-foyers des Pyrénées, ne le cède en rien à celui qu'on prépare dans les aciéries de Styrie et de Carinthie ; il suffit d'un peu de soin

DANS LA RÉGION DE SAINT-ÉTIENNE

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dans le triage des barres, jusque-là livrées sans classement préalable, pour que le forgeron puisse choisir avec certitude la qualité dont il a besoin, sans être exposé à rejeter inutilement un grand nombre de barres trop dures ou trop douces.

Malgré tout, on attribue aux aciers anglais une supériorité que les uns expliquent par une qualité spéciale, par une propension acie'reuse que posséderaient les minerais anglais, et que les autres considèrent simplement

comme le résultat d'une fabrication plus soignée. Pour vérifier s'il en était ainsi, il suffisait d'appliquer en France les procédés anglais, et, mieux, de faire venir d'Angleterre des hommes rompus à la pratique des fabrications. C'est ce que fait le ministre Chaptal en 1814. Au nom du Gouvernement Français, il invite James Jackson, propriétaire à Birmingham d'une aciérie oh l'on fait surtout des limes et de l'acier cémenté, à venir en France pour y importer la fabrication des aciers -fins. Jackson débarque le 25 octobre 1814 avec huit enfants ; il a alors quarante-deux ans. Après une étude assez sommaire des conditions économiques des divers centres métallurgiques, il propose d'établir à Saint-Étienne la fabrication des aciers fins suivant la méthode anglaise. La proximité

de mines de houille déjà très développées et bien outillées, la facilité de recruter d'excellents forgerons sont des raisons suffisantes pour déterminer le choix de Jackson ; cependant, comme il s'agit de faire de l'acier fondu par le procédé d'Huntsmann, la ressemblance de Saint-Étienne avec Sheffield contribue sans doute, elle aussi,. h faire désigner la Loire comme centre des nouvelles fabrications. Avec leurs nombreuses colliges et leurs vallées oh s'étagent les martinets, les molières et les aiguiseries et oh fument une multitude de feux de forge, l'une et l'autre ville méritent cette définition que lord Palmerston donnait plus tard de Sheffield : a black