Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 186]

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DANS LA RÉGION DE SAINT-ÉTIENNE

L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE

le privilège exclusif de la fabrication de toutes les armes commandées pour les armées françaises ou pour les armées étrangères, et le roi confère aux usines de l'Asso-

ciation le titre de Manufacture 'Royale. Le monopole ainsi constitué met à la disposition de la Manufacture Royale toutes les petites usines, molières et aiguiseries de Saint-Étienne et des environs. On fabrique alors pour la première fois des baïonnettes et des fourreaux, et la fourniture annuelle des fusils atteint le chiffre de 20.000: Pendant la Révolution, la Manufacture Royale est plus ou moins désorganisée : en l'an IV, on fabrique Seulement 5.000 fusils et 200 paires de pistolets; plus tard on active

les fabrications et, en 1816, les livraisons s'élèvent à 58.000 fusils.

Les procédés de fabrication y sont restés d'ailleurs extrèmement primitifs ; ce n'est qu'en 1785 qu'on appliqué pour la première fois l'étirage des canons - de fusil par le

martinet, .tel qu'il est déjà depuis longtemps pratiqué à Liège. -Mais les forgés liégeoises, Comme on les appelle alors, simplifient le travail des canonniers, qui n'ont plus besoin d'une aussi grande habileté professionnelle pour confectionner des carmins de fusil de bonne qualité ; de là, parmi les ouvriers de la corporation, un mécontentement

qui se traduit, en 1789, par une émeute. Les machines-outils sont à peu près inconnues : tout se fait à la forge, à l'étau et à. la lime. Le tour à canons, le banc de forerie sont inventés en 1792; on considère alors comme une merveille une machine qui perce à la fois les onze trous du corps de platine. Tel est, avec une machine à tarauder et une autre à fileter les vis à bois,

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en 1607. Au siècle dernier, les principaux produits, outre la coutellerie sont : les fourchettes, les cuillers, les mouchettes, les serrures, les vis, les limes, les clous, les fiches et autres objets de ferronnerie pour bâtiments. La France n'est pas leur seul débouché : par Marseille ils se répandent dans le Levant et dans nos grandes colonies d'Amérique. Les forgeurs s'appellent des maréchaux ; répandus surtout dans les vallées- du FurenS, de l'Ondaine, du Gier, ils fabriquent non seulement les ferrures pour le bâtiment,

s'occupent encore de poêlerie, de ferblanterie, de bourrellerie. Ils transportent à dos de mulets, à Saintils

Étienne ou à Lyon, leurs articles qui sont ensuite expédiés

par le Rhône dans tout le Midi de la France et par la Saône dans la Bourgogne et à Paris. C'est entre Saint-Chamond et Saint-Étienne qu'on trouve le plus grand nombre de fabricants ; Saint-Martinla-Plaine est le centre principal des articles de ferronnerie. A Firminy et à Saint-Chamond, l'industrie du clou forgé est importante. La coutellerie occupe 600 à 700 ouvriers qui livrent 12.000 douzaines de couteaux par semaine : ce sont seulement des couteaux ordinaires, le couteau de poche à manche de bois ou de corne qui se vend 1 fr. 50 la douzaine, l'Eustache- qui, suivant la qualité, coûte seulement 5 à 16 francs la grosse de douze dou-

zaines. L'industrie des fourchettes et cuillers présente une importance analogue.: les mouchettes sont produites par 200 ouvriers, et, à Saint-Étienne seulement, la fabrication des vis occupe près de 1.200 personnes. La serrurerie se fabrique à Saint-Étienne et à Saint-Bonnet-le-Châ-

l'inventaire des machines-outils de la Manufacture Royale.

teau; le nombre, des ouvriers serruriers s'élève à 1.300. Là, comme en armurerie, tous les articles sont fabri-

A côté de l'armurerie, la quincaillerie est également fort ancienne à Saint-Étienne. On trouve les traces d'une jurande, établie pour la coutellerie, au Chambon, près Saint-Étienne, en 1594, et transportée à Saint-Étienne

entravent la vente des produits de la Loire. Pour lutter contre cette concurrence, un industriel veut appliquer les

qués à .1a main ; mais des usines mécaniques se sont établies dans les Vosges : elles produisent à bas prix et