Annales des Mines (1896, série 9, volume 9) [Image 315]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

622

DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DISCOURS

PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES DE M. DAUBRÉE MEMBRE DE L'INSTITUT, INSPECTEUR GÉNÉRAL DES MINES EN RETRAITE, DIRECTEUR HONORAIRE DE L'ÉCOLE SOPÉRIEURE DES MINES

le 1er juin 1896.

DISCOURS DE M. FOUQUE Membre de l'Institut, AU NOM DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.

Messieurs,

En l'absence de M. des Cloizeaux, empêché par l'état de sa santé, la Section de minéralogie m'a confié le pieux devoir d'adresser, au nom de l'Académie des sCiences, un dernier adieu à notre cher et regretté doyen, M. Daubrée..

Parmi les membres qui ont illustré l'Académie des

sciences, il 'en est peu qui aient eu, comme lui, l'heureux privilège d'y siéger pendant près d'un demi-siècle et d'y conserver jusqu'aux limites de la vieillesse la vigueur;. l'humeur égale et l'activité intellectuelle de -leurs jeunes, années. Entouré de respect et d'estime, honoré des plus. hautes amitiés, soutenu par les soins d'une famille, aimée,_ il a traversé les épreuves les plus cruelles de la vie avec la fermeté et le calme d'un sage. Travailleur infatigable, érudit consciencieux, expérimentateur habile, il laisse dans le domaine scientifique un .sillon lumineux, et, au sein

DE M. DAUBRÉE

623

de l'Académie, la mémoire d'un confrère bienveillant et aimable. Depuis quelques semaines, une maladie, grave dès le début, l'avait atteint inopinément ; plusieurs fois 'on nous avait avertis que sa vie était en danger, et pourtant, telle était notre confiance dans sa robuste constitution que nul d'entre nous n'avait douté de sa guérison prochaine. Sa mort nous cause une affliction inattendue. M. Daubrée (Gabriel-Auguste) est né à Metz, le 25 juin 1814. Attaché à sa ville natale par .les liens les plus étroits, il a eu la douleur de la voir passer sous le joug étranger. Il a pleuré non moins amèrement le sort de l'Alsace, où il avait passé les plus belles années de sa jeunesse, effectué ses premières études de minéralogie synthétique et enseigné la géologie avec éclat. Il a été l'une des victimes les plus éprouvées de - nos -désastres de 1870, et, en même temps, l'une de ces âmes courageuses dont Tien n'ébranle la foi dans un avenir de justice et de réparation. Mais c'est exclusivement sa- vie scientifique dont je. veux tracer ici une rapide esquisse. Sorti de l'École polytechnique dans le Corps des Mines, M. Daubrée a la bonne fortune, au commencement de sa

carrière d'ingénieur, d'être envoyé en mission successivement en Angleterre, en Suède et en Norvège. Du Cornouailles anglais, il rapporte des observations intéressantes sur les gisements et la constitution du minerai d'étain et, surtout, des aperçus fertiles sur son mode de formation. Il devine la puissance créatrice du fluor et son rôle dans le 'monde 'minéral. Il publie une classification des

gîtes métallifères de la Scandinavie et mérite qu'un lecteur tel que Berzélius déclare hautement qu'il lui est redevable de notions précises et d'idées nettes sur des sujets qui, cependant, lui étaient familiers. Attaché comme ingénieur au département du Bas-Rhin, il parcourt les Vosges et la plaine du Rhin, multipliant les-

3a5