Annales des Mines (1889, série 8, volume 16) [Image 284]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. JEAN BAILLS.

Après son passage à l'École polytechnique et à l'École des mines où il était entré comme élève-ingénieur en 1873,

Baills fit, en 1876, son dernier voyage de mission en Espagne, pays qui devait naturellement attirer le Catalan

qu'il était resté. Il rapporta de ce voyage une étude sur les mines de fer de Bilbao et le traitement direct par les procédés Chenot, qui fut jugée digne d'une insertion dans les Annales des mines (7e série, t. XV, p. 209). En mai 1877, ses obligations scolaires terminées, il prit possession à Oran de son premier poste d'ingénieur, qu'il devait conserver jusqu'à sa mort. Deux ans de séjour dans un service étendu, de parcours difficile, au milieu de conditions bien différentes de celles de la Métropole, lui avaient à peine permis de conimencer à se mettre au courant du pays et de ses coutumes lorsqu'il fut appelé à concourir aux travaux qui, sous l'impulsion

de M. de Freycinet, alors ministre des travaux publics, allaient être entrepris de divers côtés en Algérie, dans le but de préparer les éléments de l'étude du Transsaharien dont M. Duponchel avait particulièrement contribué à lancer l'idée. Ce n'était pas seulement la recherche d'une ligne allant jusqu'au Niger dont on se préoccupait, mais aussi celle des lignes, de moins grande longueur, dites de pénétration, qu'il pouvait être utile, à plusieurs points de vue, de pousser vers le sud, sur les hauts plateaux et de là dans le Sahara, de divers points du Tell. Parmi les missions constituées à cet effet, l'une d'elles fut confiée, par dépêche du 21 octobre 1879, à M. l'ingénieur en chef des mines Pouyanne pour l'étude de divers tracés dans le sud Oranais (*). (*) Le compte rendu de la mission de M. Pouyanne a été pu-

blié en 1886 (1 vol. in-fo, Imprimerie nationale) sous le titre:

Documents relatifs à la mission dirigée au sud de l'Algérie, par

M. Pouyanne. L'exploration et les travaux de Baills l'objet d'un chapitre spécial.

y font

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. JEAN BAILLS.

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Baills fut attaché à cette mission avec mandat d'organiser et de conduire une exploration chargée d'étudier à l'aller une ligne partant de Saïda et s'avançant autant que possible dans le sud du haut plateau, et au retour une ligne aboutissant à Ras-El-Ma. Ce fut dans le printemps de 1880 que Baills entreprit cette tâche rude et

difficile en tout temps, et dont les circonstances augmentaient encore les difficultés ; il la remplit d'une façon particulièrement complète et brillante, non moins que fruc-

tueuse pour l'avenir, mais aussi au prix de bien rudes fatigues.

Parti de Saïda, point extrême où arrivait alors le railway de la compagnie Franco-Algérienne, Baills releva au théodolite une chaîne de triangles allant jusqu'à Méchéria, à 165 kilomètres au sud, pour revenir de ce point, qu'il reçut l'ordre de ne pas dépasser, en relevant une autre chaîne de triangles jusqu'à Ras-El-Ma, sur l'arête des hauts plateaux, où il put se rattacher aux levés que la compagnie de l'Ouest-Algérien avait poussés jusqu'en ce point. Ces levés topographiques et géodésiques, dont la précision a été ultérieurement constatée, permirent à Baills d'établir les tracés complets de deux voies ferrées, dont il remettait les avant-projets dès le mois d'août 1880, l'une de Saïda à Méchéria de 165 kilomètres de dévelop-

pement, l'autre de Méchéria à Ras-El-Ma de 135 kilomètres. Ces levés et ces tracés étaient complétés par une étude géologique sommaire de la région traversée et un relevé très complet des quantités et de la nature des eaux disponibles, chose essentielle dans ce pays de la soif. Baills s'était plus particulièrement réservé, au cours de l'exploration, le soin de choisir les sommets des triangles ; il fallait chaque jour se porter en avant des opérateurs, faire installer les grands signaux portatifs qu'il avait imaginés et fait construire à cet effet ; le soir, rentré au campement, il contrôlait toutes les opérations de la