> Accueil > Expositions> Histoire des laboratoires de minéralogie et de chimie de l'École des mines de Paris> Le laboratoire d'essais à l'hôtel de Vendôme (1815-1843)

Le laboratoire d'essais à l'hôtel de Vendôme (1815-1843)

La nomination de Pierre Berthier

Victor Descotils meurt prématurément le 6 décembre 1815. Pierre Berthier assure le maintient de l'activité du laboratoire jusqu'à sa nomination officielle le 24 mai 1816 au poste de professeur de docimasie. Cette nomination a lieu peu avant la promulgation de l'ordonnance du 5 décembre 1816 « relative à l'organisation et à l'administration de l'École des Mines ». Les écoles pratiques sont de fait supprimées au profit du rétablissement à Paris de l'École. L'ordonnance réaffirme l'existence du laboratoire des essais : « il y aura près de cette école, et dans le même local (…) un laboratoire de chimie, et un dépôt des produits et essais des analyses » (art. 4). L'article 8 définit les attributions du professeur de docimasie : <« le professeur de docimasie est en même temps chef du laboratoire, et chargé, à ce titre, de faire tous les essais et toutes les analyses qui lui seront ordonnées par le directeur général de l'École et d'en tenir un registre exact ». Il a en outre la responsabilité et la garde « du dépôt des produits chimiques susceptibles d'emploi ».

L'ordonnance réaffirme la necessité d'un laboratoire « pour qu'on y fasse tous les essais et toutes les annalyses qui sont ordonnées par le Directeur général et par le Conseil de l'Ecole, soit sur la demande des exploitants des mines, soit pour tout autre motif » (discours de Berthier au Conseil, 20 février 1818).

L'aménagement des locaux

Une description sommaire des installations est donnée dans les procès verbaux de la séance du Conseil des Mines du 12 décembre 1817:

  • le « laboratoire commun», qui constitue le principal espace où travaillent les élèves ( qui correspond aux anciennes écuries). 
  • le « laboratoire particulier» du professeur de docimasie dans lequel se trouve un « dépôt des produits chimiques» (construit sur les anciennes cuisines). 
  • Des magasins, dont un « dépôt des réactifs » et un « dépôt des vases », auquel s'ajoute deux dépôts de bois et de charbon. 

Les laboratoires sont situés dans les dépendances du grand corps de logis de l'hôtel de Vendôme. Dans la grande cour attenante, on dispose des fourneaux pour réaliser des opérations à ciel ouvert. Les locaux sont très exigus, comme le note le Conseil : « l'emplacement actuel des laboratoires se trouve trop resséré pour y admettre plus de 6 à 8 personnes à la fois ». Le professeur de docimasie en est réduit à effectuer les analyses et les essais pour le Conseil dans son propre laboratoire.

Des premiers travaux sont entrepris en 1819 mais les plus importants sont commencés quelques années plus tard, face aux besoins devenus urgents. Un rapport ambitieux est transmis durant la séance du 15 août 1826.

Il prévoit de démolir les derniers vestiges des écuries et des granges (« déscellement des mangeoires», des « rateliers»), de paver les nouvelles pièces, de percer des fenêtres, d'nstaller des «éviers en pierre de roche», de redistribuer et d'agrandir les magasins de fournitures (bois, charbon, produits chimiques). On projette l'aménagement d'un second étage, auquel on accédererait par un escalier. Il est prévu d'y « établir dans la plus grande de ces pièces un petit laboraotoire pour l'adjoint»

L'École aménage également au début des années 1820 de quoi recevoir et abriter une vaste collection de produits chimiques. En 1824, on commande une armoire destinée aux produits chimiques. En 1825 et 1826 ont lieu des des travaux de menuiserie et de serrurerie qui permettent d'achever la salle des collections chimiques. Une note sur l'Ecole royale des mines rédigée en décembre 1834 évalue ainsi les collections : « 6400 chantillons de « minéralogie et 2000 de produits chimiques, 6000 de produits métallurgiques ».

La nécessité d'augmenter la surface des laboratoire devient cruciale mais les possibilités d'agrandissement se réduisent. De plus, les locaux ne sont pas adaptés. En 1837, la situation est la suivante : « les laboratoires occupent maintenant les petits bâtiments de la cour nord (rez-de-chaussée et 1er étage). La superficie des deux étages est d'environ 500 m2. Elle devrait être augmentée d'environ 300. Ainsi qu'on l'a déjà fait remarquer les pièces du rez-de-chaussée sont petites, morcelées, humides et vu leur peu d'élévation, l'air s'y trouve constamment vicié »

Le fonctionnement du laboratoire des essais. 

Sous la direction de Berthier, ce sont près de 3000 analyses et essais qui sont consignés dans les registres du laboratoire des essais, entre 1815 et 1843. Celui-ci effectue en outre ses propres recherches dans le laboratoire qui lui est réservé et en rend compte dans deux registres de recherches et expériences docimastiques

Le laboratoire de l'Ecole royale des mines fonctionne grâce à un budget, voté annuellement par les membres du conseil. Dans un souci de rigueur, le Conseil impose à partir de 1818 la tenue d'un « inventaire descriptif et par ordre de matières, de tous les outils, machines et instruments affectés au laboratoire de chimie.». C'est ainsi que Pierre Berthier tient le compte de tous les achats pour le laboratoire. 

Le budget du laboratoire double en dix ans : de moins de 2000 fr en 1817, il passe à 5000 fr en 1828. Les principaux postes de dépense sont le combustible (charbon), les réactifs et les ustensiles (verres, porcelaine), ainsi que, ponctuellement de nouveaux instruments. La fourniture en charbon représente entre ¼ et la moitié du budget (par exemple en 1819). 

De 1828 à 1843, la somme allouée au laboratoire ne varie pas : elle est constamment de 5000 fr. Il arrive durant cette période que la totalité du budget ne soit pas dépensé, et que l'excédent soit employé pour financer les besoins de la bibliothèque, comme l'achat de livres coûteux.

Le personnel du laboratoire des essais

Pierre Berthier ne peux assumer les nombreuses demandes d'essais et d'analyses seul. Il emploie comme "adjoint" ou "sous-chef" les ingénieurs élèves les plus doués, comme lui-même avait été au temps de Vauquelin et Descotils. Le 18 décembre 1828, il est décidé que « M. Bineau, élève des mines, serait adjoint à ce professeur pour le service du laboratoire et que cet élève reçevrait le traitement d'aspirant.». Cette fonction comporte aussi la responsabilité de la surveillance des élèves durant leurs travaux pratiques. 

En février 1830, c'est au tour de Frédéric Le Play de le remplacer en tant qu'adjoint, car il se montre brillant. Louis Aguillon rapporte que « cinq ans après, lors de mon séjour à l'École, on y gardait encore le souvenir d'une analyse de tourmaline, qui avait duré deux mois et dont le procès-verbal était souvent consulté dans les registres du laboratoire.». Mais celui-ci est victime d'un accident en avril 1830 lors d'une analyse : ses mains sont gravement brulées et il doit s'aliter pendant une longue période. D'autres élèves viennent par la suite remplir ce rôle : Victor Regnault entre 1838 et 1841, puis Joseph Ebelmen, à partir de 1841. 

Un personnel subalterne d'aides et de garçons de laboratoire est également employé, mais on garde peu de trace du passage de ces employés. 

  • Aides de laboratoire : Cheval (jusqu'en 1838) ; Charles Fabrot (après 1838). 
  • Garçons de laboratoire : Fleuriot (jusqu'en 1836) ; Pierre Augustin Lecouillard (après 1836). 

Aucun commentaire ! Soyez le premier à en ajouter un !